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Druuna Celle qui vient du vent

08/04/2019 10996 visiteurs 7.0/10 (1 note)

« Le néant… les ténèbres… la peur… il faut pourtant continuer… s’échapper loin, n’importe où, vers le néant si semblable à ce vide froid qu’on sent en soi, à cette morsure profonde et douloureuse qui empêche de se souvenir. » Ainsi s’ouvre cette aventure de Druuna. La jeune femme quitte un environnement de ténèbres, plonge dans un puits de lumière et se retrouve dans une vaste plaine verdoyante. Cette atmosphère rafraichissante est vite ternie par un cadavre décapité, criblé de flèches, et un chariot détruit, auquel pendent quelques têtes humaines. Druuna va croiser des soldats portant des uniformes de conquistadors, des Amérindiens et une bestiole difforme qui brûle tout ce qui bouge. Elle questionne sans cesse ce monde inconnu, sans pour autant obtenir de réponses.

Dans cet épisode, Druuna continue d’être le jouet des autres (Doc, son mentor, le double de papier de l’auteur, fait son retour) et de forces qui la dépassent. Marionnette ballottée de menaces en dangers, d’un monde à un autre, elle incarne un point de vue naïf, un questionnement candide et une incompréhension chronique. Ainsi en est-il également du lecteur, qui n’a d’autre choix que de suivre les circonvolutions d’une intrigue qui ne dévoile son sens qu’à la toute fin du récit. Il y est question d’une réalité parallèle et de machines programmées pour sauvegarder l’espèce humaine. L’héroïne chemine ici avec un gnome androïde, qui s’humanisera en apparence pour les besoins de l’aventure. Le tandem permet des joutes verbales incisives et l’expression d’un humour qui allège opportunément l’ensemble.

Visuellement, Celle qui vient du vent est un régal pour l’œil. Certes, la plastique dénudée de Druuna est largement exposée. Elle est toujours suggestive et harmonieuse, légitimée par son aspiration à une vie sauvage et libre, proche de l’animalité. Mais le talent de Serpieri s’exprime tout autant avec les grands espaces, les visages masculins et des inventions architecturales. Son trait élégant et son talent de coloriste créent un univers foisonnant, changeant et séduisant. Des visages en gros plans aux perspectives ambitieuses, de l’éclairage cru du soleil à l’obscurité d’un laboratoire retiré, encre et gouache font surgir des personnages à l’identité forte. Il est d’ailleurs à signaler qu’un généreux dossier de trente-six pages propose des esquisses, des croquis et autres planches au stade de l’encrage.

Au-delà de la sensualité de son héroïne et de son amour des grands espaces, Serpieri livre une histoire à l’arrière-plan métaphysique. Il interroge les idées de vérité et de réalité. Il évoque les limites du monde et de la civilisation. C’est la condition humaine qui est au cœur de cette série.

Par F.Houriez
Moyenne des chroniqueurs
7.0

Informations sur l'album

Druuna
Celle qui vient du vent

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Note: 4.1/5 (13 votes)

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L'avis des visiteurs

    Jozef Le 28/09/2020 à 12:01:55

    Graphiquement c'est splendide et très fin, par contre le scénario ne m'a pas transcendé... Beaucoup de textes inutiles "Oh mais dois-je suivre cet homme ? Oui je le suis, c'est étrange je ne comprends pas pourquoi je le suis..." Un sens de lecture des bulles pas toujours évident. Bref, c'est usant. J'ai toujours trouvé l'histoire de Druuna assez moyenne. Ici, rien de nouveau (et pas de sexe pour les amateurs ! Désolé ) mis à part de beaux dessins et un joli cahier graphique en fin d'album.

    herve26 Le 14/04/2019 à 23:03:38

    Avec ce dernier opus, que l'on attendait plus, Serpiri nous surprend à plus d'un titre. D'une part, le dessinateur renoue avec le style de ses bd sur les western avec l'apparition d'indiens et de chevaux dans l'univers de Druuna (Seul le personnage du gnome nous rappelle l'univers futuriste où Druuna évolue habituellement) et ensuite, en ne présentant aucune scène de sexe. Que les voyeurs passent donc leur chemin ! Il leur faudra attendre le cahier graphique, présent en fin d'ouvrage, pour découvrir des esquisses plus osées de cette célèbre créature.
    Il réalise également ici un grand écart en reprenant le personnage d'Anima, véritable clone de Druuna et premier opus de la série (mais l'avant dernier paru).
    Serpieri fait l'effort d'avoir commis un scénario, certes complexe, mais qui pour une fois, se tient
    Un très bel album où Serpieri nous prouve que malgré ses 75 ans, sait toujours aussi bien dessiner le corps des femmes.
    Cet album s'achevant assez brutalement, mérite évidemment d'avoir une suite que j'ai hâte de connaître.