C
'est une évidence, Romain Vichère ne parlera pas. Son avocat, maître Franck Pirondélis en est convaincu. Pour comprendre ce qui a poussé le jeune homme à filmer et à diffuser une fusillade en plein cœur de Lyon, le ténor du barreau se doit d'aller glaner les renseignements là où ils se trouvent : au sein de sa propre famille. Ses longues investigations vont l'emmener jusqu'en 1940, là où beaucoup de choses ont commencé.
Jeff souhaitait se lancer dans un projet qui soit résolument différent de ses précédents travaux, plus utile et qui ait davantage de résonance sociale. Michel Onfray, philosophe essayiste socialiste et auteur d'une centaine d'ouvrages dont le traité d'athéologie, s'est laissé séduire et convaincre par le script du dessinateur. Sur les conseils du théoricien, Thomas Kotlarek est venu compléter le duo pour apporter sa pierre à l'édifice. Ainsi naît Une Histoire de France, une fresque romanesque, politique et historique, forte de six épisodes et qui dépeint le pays à travers une large période revisitée en compagnie de personnages incarnés.
Analyser les raisons d'une colère d'un peuple contre ses dirigeants, saisir le cheminement qui a conduit un gouvernement à se protéger contre les prémices d'une révolte, et une nation à veiller sur ses concitoyens en instaurant un état d'urgence, tel furent les leitmotivs et les fils conducteurs des auteurs. Le récit, très d'actualité, qui se veut méthodique, se penche minutieusement et posément sur les rôles des différents protagonistes, tous fictifs, néanmoins inspirés de quidams existants. Le lecteur découvre de nos jours, à Lyon, un gone qui est mis en examen pour avoir fait l'apologie du terrorisme. Son mutisme contraint son défenseur à orienter ses recherches professionnelles sur son passé et celui de ses ancêtres. En décortiquant les parcours des aïeux, le baveux s'enfonce jusque sous l'occupation allemande et le régime de Vichy. Ce dernier va être confronté à des histoires pour le moins équivoques et embarrassantes qui vont toutes compliquer son travail. Si la narration est soignée, précise, que le propos est dans son ensemble pessimiste, que la trame est persuasive, en revanche, le regret pourra venir d'une mise en images qui s'appuie sur des lignes volontairement claires, des aplats de couleurs plutôt basiques qui restent sans ombre ni effet graphique.
Les fondations de La Dalle rouge, exposé attrayant et consistant, sont posées. Reste à les consolider et parfaire la suite.
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