E
n parlant de soi, il advient que l’on puisse parler des autres et réciproquement ! Et à ce jeu là, Zerocalcare excelle.
Connu comme le loup blanc en Italie, Michele Rech peine à acquérir la même notoriété de ce côté-ci des Alpes et ce malgré les efforts louables des éditions Cambourakis. Avec Six mois plus tard suite d’Au-delà des décombres, il continue de porter un regard acide et affectueux sur le spleen d’une génération qui se voit contrainte d’oublier ses rêves. Avec ce récit biographique, fictionnel et légèrement psychédélique, il se raconte à la première personne en mélangeant les métaphores animalières, l’autodérision et une empathie vis-à-vis de sa bande de la Rebibbia. À travers cet exercice aux airs de thérapie expiatoire, l'auteur de Kobane Calling dépeint les difficultés existentielles autant que matérielles d’une jeunesse désabusée qui, de galères en faux plans, peine à trouver sa place dans une Péninsule qui se berce de ses désillusions. Si la peinture bavarde de ce petit microcosme hétéroclite est sans réelle concession, elle demeure cependant teintée d’un humour propre aux comédies italiennes, qui aide à faire passer l’amertume du quotidien et à distiller aux passages (et sans état d’âme) quelques vérités contre lesquelles il est difficile de lutter.
Dans un style qu’il cultive depuis La prophétie du tatou, Zerocalacre se moque de lui et des siens avec suffisamment d’ironie pour croire en des lendemains moins pires à défaut d’être meilleurs.
Tout aussi bon que le premier tome. A la fois drôle et touchant, voire même poignant par moments. C'est, pour moi, la BD de Zérocalcare la plus émouvante. Ca rend à la fois mélancolique, joyeux, pensif, pour finir sur une touche d'espérance qui met du baume au coeur. Bref, c'est un gros coup de coeur. Zérocalcare est vraiment un auteur que j'apprécie.