Évadée des geôles de la Gestapo et devant dissimuler son identité, Irena n’entend pas abandonner sa lutte, bien au contraire. Malgré les sévices subis et alors que sa mère est mourante et qu’elle ne peut l’assister, elle poursuit son action auprès du Parti Socialiste Polonais sous le pseudonyme de « Jolanta ». Du transport de documents à la remise d’objets, en passant par le ravitaillement, ses missions se succèdent, tandis que se prépare l’insurrection de Varsovie. Et quand l’étincelle s’allume, la jeune femme rendosse son uniforme immaculé pour secourir les blessés.
Varso-vie s’achevait sur les derniers instants de l’héroïne en 2008, après avoir narré sa descente aux enfers durant son emprisonnement par les Nazis. Cependant, comme Jean-David Morvan et Séverine Tréfouël l’avaient indiqué en annonçant une série en cinq albums, l’histoire de la courageuse infirmière était loin d’être achevée. En effet, Irena Sendlerowa ne s’est pas contentée de sauver des enfants juifs, elle a également participé à la résistance menée par les activistes polonais pendant l’occupation du pays. C’est ce combat-là que le duo d’auteurs relate dans Je suis fier de toi.
Comme précédemment, le récit navigue entre les époques, allant de l’année 1944 à des scènes de l’enfance du personnage principal, avant de se propulser des années plus tard à Yad Vashem, en Israël, lors de son discours après avoir été déclarée « Juste parmi les nations ». Intercalés judicieusement, ces allers-retours dynamisent le propos. Ils montrent à la fois l’importance de l’héritage spirituel du père de la résistante dans son propre engagement et, lors des passages situés dans le futur, apportent une touche plus fraiche qui contribue à dédramatiser certains événements très émouvants. Le lecteur est ainsi totalement happé par le tourbillon de cette existence hors du commun et découvre aussi d’autres aspects et réalités de cette époque troublée, en particulier à travers le témoignage haut en couleur du saisissant Martin.
Enfin, le graphisme s’inscrit dans la lignée des trois premiers volets. David Evrad offre de nouvelles planches réussies au trait semi-réaliste et arrondi, mais combien puissant. De cet ensemble se détachent particulièrement la grande expressivité des visages, souvent cadrés en gros plans, ainsi que le découpage très lisible qui multiplie les angles de vue différents. La colorisation de Walter vient rehausser le tout en créant des ambiances bien marquées, en adéquation avec les différentes périodes et le déroulement de l’action.
Avec ce pénultième épisode, Irena accroche une fois de plus les cœurs et suscite l'émotion, confirmant la très bonne tenue de la série. Rendez-vous est donc pris avec le dernier tome.
Lire la chronique du tome 2.
Lire la chronique du tome 3.
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