A
vant de devenir l’œuvre chérie que tout le monde connaît, Le Petit Nicolas avait connu un modeste et longtemps oublié galop d’essai en bande dessinée en 1956. René Goscinny (sous le pseudonyme d’Agostini) et Jean-Jacques Sempé avaient proposé au magazine belge Moustique une série de gags courts mettant en scène le futur héros, son papa et sa maman. L’aventure fut de courte durée (vingt-huit livraisons). Plus illustrateur que bédéiste dans l’âme, le dessinateur préféra se tourner vers le dessin d’humour avec le succès que l’on sait. La mise au placard de Nicolas ne dura pas longtemps pour autant, puisqu’il réapparut en 1959 dans la presse régionale française sous la forme de contes. Le succès fut alors immédiat et colossal. Six décades après, ses recueils continuent de se vendre à plus de cinq cents mille exemplaires par an en quarante-cinq langues à travers la planète.
Charmante lecture sentant bon les Trente Glorieuses, cette bande dessinée originale présente une proto-version de l’univers du garçonnet. Les mésaventures restent simple et font beaucoup penser à Boule et Bill que Roba avait créé à la même époque. Si Monsieur Blédurt intervient déjà, les copains et l’école sont absents, la majorité des situations tournent autour de la maison. Graphiquement, les fondamentaux sont bien en place, Sempé est déjà au point et son style ne gagnera qu’en légèreté une fois les obligations de la BD (décors, découpage moule à gaufre) seront abandonnées.
Curiosité sympathique des débuts d’un mythe, ces premières histoires du Petit Nicolas n’apportent rien de très bouleversant vis-à-vis du reste de l’œuvre. Par contre, difficile de faire le rabat-joie devant le plaisir de retrouver ce garnement pour quelques pages remplies de tendresse et de maladresse.
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