C
laire vit au Zimbabwe avec ses parents, lesquels élèvent des purs-sangs. Lorsque naît une pouliche à la robe ébène, c’est le coup de foudre. Alors que Robert Mugabe s’installe à la tête du pays, les temps s’avèrent durs pour les fermiers d’origine européenne. Les finances de l’exploitation agricole étant précaires, le père de la jeune fille se voit forcé de vendre tous ses poulains, mais devant l’insistance de cette dernière, il consent à garder celui qu’elle a nommé Red Bird.
Le scénario de Rodolphe traduit une volonté de faire dans la rectitude politique et les ficelles se révèlent un brin visibles. Lorsqu’il part en cavale, l'«oiseau rouge» trouve refuge auprès d’un groupe de zèbres et il n’y aura qu’un adolescent noir, Georges, pour le convaincre de quitter la harde d’équidés à rayures. Alors que les adultes pestent contre les mesures défavorisant les colons blancs, c’est dans une belle harmonie interraciale que les deux enfants entraînent la monture. L’album se termine alors que l’écuyère accepte, de bon gré, que le garçon monte leur protégée pour participer à une course qu’il remporte, malgré un départ un peu lent. Cela dit, même si elle ne pèche pas par excès de subtilité et d’originalité, l’histoire se lit agréablement. Elle permet également de présenter, à hauteur d’homme, l’impact de certains bouleversements sociaux.
Le dessin de Michel Faure est impeccable. L’artiste a déjà démontré qu’il sait dessiner les chevaux (Crin-blanc, Les aventures de l’étalon noir, La piste cavalière) et il se montre cette fois tout aussi doué pour illustrer la savane africaine et toute la faune qui y habite. Ses éléphants, lions et autres rhinocéros sont saisissants de réalisme. Il en va de même pour ses acteurs qui adoptent toujours la juste attitude.
Un récit agréable et plein de bonnes intentions ; le scénariste parvient à évoquer le climat tendu qui régnait dans cette région du monde, sans se compromettre pour l’une ou l’autre des parties.
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