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arie-Noëlle, Denise, Asyath, Odile, Lizana, Emina, Augustine… République Démocratique du Congo, Centrafrique, Tchétchénie, Albanie, Maroc… Des migrantes, des réfugiées, des émigrées, mais avant tout des femmes. Des individus qui, pour diverses raisons souvent dramatiques, ont dû partir de chez elles, parfois accompagnées, parfois seules et ont trouvé en France une terre d’accueil plus ou moins bienveillante. Derrière chaque nom, il y a une personne réelle et une histoire dure et tragique.
Pendant une année, Vincent Djinda a côtoyé les membres de Femmes en Luth, citoyennes à part entière, une association drômoise qui rassemble des déracinées arrivées dans l’Hexagone en quête d’un lieu sécuritaire pour reprendre le cours de leurs vies. Chaque semaine, elles se réunissent afin d’organiser des spectacles et des actions de sensibilisation. C’est surtout un moyen pour des êtres isolés et en détresse de trouver de l’aide, du réconfort et de partager leur situation au sein d’un cadre respectueux et neutre. Témoin attentif, l’auteur s’est entretenu avec plusieurs de ses héroïnes anonymes et a mis en image leurs mots dans Et pourtant elles dansent… .
Ces récits, d’une insoutenable violence, se ressemblent tous. Un chaos politique ou une guerre forcent l’exil. Il faut absolument se protéger, mettre en sécurité les siens, offrir un futur à ses enfants et plus simplement fuir la haine et l’horreur. Puis, après moult étapes et risques, s’installer, demander des papiers (l’hypothétique « carte de dix ans ») et s’intégrer dans une société qui vous regarde d’un mauvais œil. Cette lutte terrible de tous les instants est implacable, insupportable, mais quand il n’y a pas d’autre solution, il faut y croire et savoir faire le dos rond face aux éternels délais, refus et autres rebuffades de l’administration.
Mise en scène sobre, dessins au lavis appliqués et attention toute particulière pour laisser ses actrices s’exprimer dans leurs mots, le rôle de Djinda se limite quasiment à celui de passeur. Le résultat est poignant, sincère et, la résilience humaine étant insondable, gai et plein d’espoir. Et pourtant elles dansent… est un album d’une sensibilité immense à ranger à côté de Retour au Kosovo de Jakupi/González ou de Deogratias de Stassen.
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