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epuis leurs plus jeunes âges, Lolly et Pat espèrent devenir musiciens, de monter sur scène et de prendre la route avec leur groupe. Grâce à quelques belles rencontres, mais surtout beaucoup de travail, leur rêve devient réalité. Accompagnés de Pete De Poe et Tony Bellamy (et de bien d'autres comme Arturo Perez ou Butch Rillera), les frangins connaîtront le succès. En huit ans et autant d'albums, Redbone se taille une belle réputation et offrira une magnifique caisse de résonance pour la reconnaissance du peuple indien, avant de continuer sa route avec plus ou moins de bonheur.
Au travers de cette biographie romancée, Christian Staebler et Sonia Paoloni s'intéressent à l'un des groupes de rock mythiques des années 70. Une réunion de famille improvisée leur sert de prétexte idéal pour retracer son passé, de sa genèse à nos jours. Les scénaristes choisissent la voix de Pat pour conter, de manière chronologique, les différentes étapes de leur parcours. Séquencé par de courts chapitres, correspondant à autant de périodes clés, le récit s'avère didactique et prenant à la fois. Car si la passion pour la musique et l'amour fraternel entre les piliers Vegas (Vasquez de leur vrai patronyme) sert de fil rouge, le traitement réservé aux Natifs Américains et la proximité des héros avec l'American Indian Movement en est la toile de fond. L'équilibre entre anecdotes savoureuses, faits marquants et rappels historiques imprime un rythme parfait pour une lecture vivante et divertissante.
La partie graphique, assurée par Thibault Balahy, n'est pas étrangère à cette immersion. Lors des séquences narratives, il opte pour une mise en page déstructurée où les visages s'entrecroisent, en gardant une belle lisibilité. À ces planches surprenantes et aérées, succèdent des compositions joliment travaillées, qui viennent appuyer l'ébullition créative de certains passages. Un trait réaliste et une quadrichromie aux allures d'aquarelles donnent à l'ensemble un style marqué, bien dans le ton de l'époque.
Redbone, l'histoire vraie d'un groupe de rock indien offre un hommage à la hauteur du talent de personnages malheureusement méconnus.
Le a href=http://www.redbone.be/>site officiel du groupe.
Redbone est le nom d'un groupe de rock dont les membres sont amérindiens. La formation officielle a eu lieu en 1969 à Los Angelès bien que les frères Pat et Lolly Vegas jouait depuis le début des années 60. Le succès est atteint au début des années 70 notamment en 1973 avec le 5ème album « Wowoka » avant de s'estomper.
Entre biographie et documentaire, cette BD retrace l'histoire du groupe Redbone entre rock et résistance. Les quatre musiciens amérindiens, soutenus à leur début par Jimi Hendrix et Marlon Brando, défendent leur culture native american depuis des années.
Sur la forme, je n'ai pas trop aimé l'évocation de ces souvenirs de façon un peu pêle-mêle. Il y a bien sûr l'évocation du génocide indien et du drame de Wounded Knee (1890 et 1973) dans le Dakota du Sud. Il s'agit de reconnaître leurs droits dans une société blanche qui les a exclu.
Je suis assez sensible à la cause des indiens d'Amérique car c'est une véritable culture qu'il faut préserver. Cet album est clairement militant ce qui n'est pas une injure.
Cette lecture m'a permis de combler une lacune en matière musicale mais c'est intéressant de voir que le combat s'est également fait à travers la musique. Il y eu par exemple une chanson en pleine guerre du Vietnam que le groupe n'avait pas le droit de jouer sur le territoire américain.
A noter également que ce groupe dont la composition a bien changé depuis ses origines connaît un renouveau notamment grâce au plate forme en ligne.
Ce gros volume fait l'objet d'une édition très soignée de Steinkis, avec papier épais, couverture reliée avec une belle couverture alléchante, interview de l'un des fondateurs du groupe, discographie exhaustive de Redbone, préface de la fille de Pat Vega et enfin une bibliographie. Pour être déraisonnable on aurait pu souhaiter un rappel historique de la lutte des native-americans pour mieux situer les événements relatés dans l'album mais sincèrement avec un tel contenu on peut dire que c'est du très bon boulot.
Redbone est le premier groupe de rock composé d'indiens d'Amérique et se revendiquant comme tel. C'est l'histoire de ce groupe, de la musique des années 60 et 70, de ses membres et de la lutte des indiens pour les droits civiques et la reconnaissance de leur culture qui est racontée dans ce livre.
Je n'avais jamais entendu parler de Redbone. Je connais un peu les grands moments de la lutte des indiens pour la défense de leur culture et la fin de l'oppression mais cet étrange album m'a permis de m'y intéresser plus avant en parvenant à mêler avec une étonnante souplesse la biographie familiale, l'histoire de la musique et l'histoire politique d'une Nation indienne opprimée depuis le XIX° siècle.
Redbone ce sont d'abord les frères Pat et Lolly Vegas, indiens Hopis ayant grandi dans une réserve et familiers de la musique de par leur famille. Vivant la ségrégation dans leur chair lorsque Pat est envoyé comme nombre de ses congénères dans un orphelinat d'acculturation, ils choisissent très vite de tenter leur chance à Los Angeles, cité de tous les possibles où les groupes et les artistes naissent à chaque instant dans la foison de clubs qui existent alors. Leur histoire est pour beaucoup une success-story (ou du moins relatée comme telle) et c'est ce qui rend la lecture de la BD agréable. Fréquentant un milieu de musiciens, trouvant rapidement de très bons musiciens (dont on nous raconte aussi l'histoire, ils plaisent aux producteurs et arrivent très vite à sortir des disques, d'abord sous leurs noms puis après la formation de Redbone, après une rencontre décisive avec le jeune Jimmy Hendrix qui leur fait prendre conscience de l'importance d'assumer ses racines et de se battre pour l'égalité.
Le groupe fréquente les plus grands, ayant pour producteur Robert Blackwell qui supervise Little Richards et Sam Cooke et faisant passer des auditions où ils doivent recaler un certain Jim Morrisson et ses comparses. Il y a sans doute un peu d’esbroufe de la part de Pat Vega lorsqu'il raconte l'anecdote à l'auteur de l'album, mais cela permet de nous replacer dans une période à la créativité incroyable. Enchaînant les disques sans discontinuer tout au long de la décennie 70 où ils font partie des groupes les plus réputés, se produisant devant la Reine d'Angleterre et trustant les charts dans plusieurs pays. Leur musique a été remise au goût du jour avec la bande originale du flm Marvel Les Gardiens de la Galaxie...
La décennie 70 c'est aussi celle de la lutte pour les droits civiques et les actions de l'American Indian Movement (AIM), soutenu dès sa fondation par Redbone qui lui verse l'essentiel de ses premiers cachets. Après avoir dû se faire passer pour mexicains pendant leurs premières années, par peur des producteurs que le public blanc fuient leur musique, ils revendiquent fièrement leurs racines et participent aux actions radicales de l'AIM comme l'occupation d'Alcatraz, celle de Wounded Knee (événement sur lequel ils firent une chanson qui sortit en Europe devant le refus des producteurs américains de cautionner un "appel au soulèvement") où ils rencontrent des figures telles qu'Angela Davis.
Graphiquement l'album est assez simple, avec beaucoup de dialogues de visages dessinés, mais aussi quelques planches illustrant les événements historiques. J'ai beaucoup aimé les fausses couvertures de "Redbone comics" séparant le récit en parties, mais hormis cela, si le graphisme accompagne très bien la narration, ce n'est pas pour eux que l'on achètera l'ouvrage.
Très bonne surprise que ce Redbone, de celles qui nous font découvrir une histoire totalement ignorée, ouvrent notre horizon en sachant allier l'intime et des thématiques à la fois politiques et musicales. Ce que j'appelle un bon documentaire.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2019/02/24/redbone