X
IVe siècle. L'Église gouverne une Angleterre décimée par la peste. Jadis, elle s'est octroyée indûment de nombreuses terres, y compris celles des Loring, une famille noble et pauvre, mais dont la loyauté envers son roi n'est plus à prouver. En redoublant de courage et de bravoure, Nigel, le cadet de la lignée, a décidé de s'opposer farouchement à l'emprise et aux abus des abbés. Son sens aigu du devoir et sa pugnacité vont lui apporter davantage que ce qu'il pouvait espérer.
Arthur Conan Doyle c'est avant tout la série des Sherlock Holmes. Élémentaire, me direz-vous. Soit, mais au total, c'est plus d'une centaine de romans et de nouvelles qui sont nés sous la plume de l'écrivain et médecin britannique. Dans cette pile conséquente d'ouvrages et de succès, il y a Sir Nigel qui a été publié en 1906 et dont l'adaptation est relayée par Roger Seiter (Coeur de sang, Dies Irae). Sur fond de guerre de Cent Ans, ce premier tome s'attarde sur les mésaventures d'un jeune aristocrate, tombé en disgrâce, aux prises avec une poignée de moines intransigeants, obtus et déterminés à faire valoir leurs prétendus droits. L'aplomb, la hardiesse et surtout la vaillance de l'écuyer dans sa quête de justice sont les principaux facteurs d'une accroche qui se fait sentir dès les premières pages. L'intérêt ne se cantonne pas uniquement à ces desseins de vengeance puisque le scribe propose également de suivre son ascension ainsi qu'une période charnière de tout un pays sous Édouard III. Les dialogues et tournures de phrases en vieux François, l'emploi séquentiel du subjonctif et la narration à la troisième personne du singulier contribuent largement au plaisir ressenti.
De Neige en passant par Finkel et jusqu'aux multiples contributions apportées sur le dessin du Triangle secret, Christian Martinez, fiché dans les bédéthèques sous le pseudonyme de Gine, est un auteur connu et reconnu. Pour cette version illustrée, il ne déroge pas à ses propres règles en réalisant ce qu'il sait faire de mieux. Sans être d'une réalité époustouflante, le trait est sobre, efficace et parvient à dépayser. Quant au détail, il est respecté et apprécié sur les pourpoints des seigneurs et les robes des gentes dames qui brillent de mille feux, tandis que les armures, cottes de mailles des suzerains et les armes des archers invitent à la plus grande prudence. Antoine Quaresma a opté pour des couleurs claires sur les arrière-plans, de façon à donner le relief nécessaire à cette ribambelle de notables et de marauds.
Pardieu ! Le preu du Pont de Tilford est un parchemin séduisant qui pourrait bien ravir bon nombre de chevaliers de la caste du lectorat !
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