S
on père mort, Louis X est devenu roi de France, mais il n’est guère apprécié, en particulier de sa belle-sœur, Jeanne. Celle-ci lui en veut d’avoir abandonné Marguerite et d’avoir précipité sa disparition, après son adultère. Elle entreprend donc de se venger et, par la même occasion, de se rapprocher du trône. Elle n’est pas la seule, les prétendants en lice étant nombreux, de l’enfant à naître du nouveau souverain qui pourrait être un fils à son propre époux, de la branche cousine des Valois, en passant par les princes du sang et même son frère, le duc de Bourgogne. Une partie serrée commence, faite d’alliances, de trahisons, de séditions et d’usage de moyens plus sombres, comme le poison.
Dans le deuxième tome, France Richemond retrace les quatorze années qui séparent le trépas de Philippe IV en 1314 et l’arrivée au pouvoir de son neveu Philippe V en 1328, qui permet à l’héroïne de devenir reine. L’intrigue tourne entièrement autour de la succession de la monarchie française et des luttes intestines qu’elle a engendré entre les différentes factions en présence. Elle met également en lumière la manière dont, à l’époque, les femmes ont été écartée de la couronne ainsi que de la transmission des droits éventuels de leurs enfants pour la revendiquer. Au milieu de cela, Jeanne de Bourgogne, la petite boiteuse de l’opus précédent, montre qu’elle est devenue une femme avec laquelle il faut compter et qui mène son mari où elle l’entend. Que ce soit par des ambassades, des cadeaux, des tentatives de persuasion, elle déploie ses talents et se montre redoutablement douée dans ce jeu périlleux. En parallèle, l’auteure souligne également l’importance des liens féodaux, le rôle des pairs du royaume et amorce les prémices de la guerre de Cent Ans.
Suivant les événements historiques, la narration est forcément assez linéaire, cependant la somme des épisodes relatés ne nuit en rien à sa fluidité ni à son intérêt. Elle est portée par le dessin de Michel Suro, qui offre de belles planches aux cadrages variés et au découpage efficace. Son coup de crayon se révèle assez expressifs et parvient à démarquer chacun des nombreux protagonistes. La colorisation de Dimitri Fogolin achève d’animer l’ensemble en créant des ambiances plutôt réussies.
Ce second volume confirme les atouts de Jeanne, la mâle reine et apporte un éclairage intéressant sur une page trouble de l’Histoire de France.
> Lire la chronique du tome 1 de Jeanne, la mâle reine.
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