Le Feu Sacré est le premier tome de la série Abinagouesh, mais aussi la première publication des québécois Marc Tessier et Alexandre Lafleur. Nous devons à nos cousins du froid certaines pépites du neuvième art, à l’instar du tout récent Mertownville (édition Paquet) ou de l’original Sagah Nah (édition Soleil). On débute alors la lecture avec entrain, d’autant plus que les premières pages sont assez jolies.
Abinagouesh aspire à devenir chaman. Il est doté d’un don particulier qui lui permet de percevoir le merveilleux des choses et des êtres. Sa rencontre avec le plus puissant chaman du peuple des racines, Kalmar, va le bouleverser. Ce dernier, autant redouté que respecté, annonce au conseil des sages l’arrivée du Grand Mal…
Je ne vais pas vous mentir, ce petit texte résume dans sa quasi globalité ce qui se passe dans cet album. Vous admettrez que c’est assez mince pour couvrir 46 planches, on assiste donc à une suite de scènes plus ou moins importantes qui sont sans réelles surprises et qui ont du mal à nous captiver. Certes le thème de la nature et la mince introduction de l’intrigue créent un univers qui peut séduire, mais cela reste beaucoup trop léger. En fait, la poésie de l’histoire et le petit peuple des racines plairont certainement aux plus jeunes. En effet, ce premier tome se présente plus sous la forme d’un conte pour enfant. Alors pourquoi appartient-il à la collection Terres de Légendes qui est destinée au public ado/adulte ? Seul la suite nous le dira, en espérant que Marc Tessier saura nous surprendre avec un récit moins plat et moins linéaire.
Le dessin d’Alexandre Lafleur ne permet malheureusement pas de voiler les faiblesses apparentes de l’histoire. On le sent à l’aise avec les décors, à la fois sauvages et mystérieux, tandis qu’il semble plus fébrile en ce qui concerne les personnages. Le trait est souvent hésitant et le physique de la tribu d’Abinagouesh n’est pas des plus simples avec des têtes imposantes sur de frêles corps. Toutefois les costumes sont recherchés et les scènes de chamanisme particulièrement surprenantes. Le dessinateur a vécu trois ans au cœur de la forêt québécoise où sont nés la plupart des personnages de la série. On comprend mieux d’où vient le contexte magique de l’histoire.
Enfin, il faut souligner le travail du coloriste Lorien. Les couleurs pastelles accentuent le caractère mystique de la forêt et nous entraînent dans un univers poétique. La mise en couleur est remarquable et parvient à masquer les faiblesses du dessin. Le coloriste des Blagues de Toto change radicalement de registre. Il nous surprend même en utilisant des teintes vives voire psychédéliques lors des séances de chamanisme.
Vous l’aurez compris, ce premier tome est trop léger et simple pour être réellement transporté dans l’histoire. Pour des enfants, cela peut constituer un joli album qui véhicule de belles morales comme l’amour fraternel ou le respect de la famille. Bref, les auteurs devront mettre les bouchées doubles pour nous convaincre au deuxième tome !
le premier mot qui me vient à l'esprit pour définir cette BD c'est: gentillet! Abinagouesh est un petit garçon très gentil qui ne ferait pas de mal à une mouche, et qui surtout est extrèmement éveillé, il est passionné par tout ce qui l'entoure. Il évolue dans un univers composé de tribus indiennes, où la nature est au coeur de leur vie. La magie vient s'en mêler, mais il y a peu de choses à dire tant ce tome est un tome d'introduction, et c'est bien là le problème: il se passe peu de choses, hormis vers la fin. On suppose que l'harmonie de ces tribus voisines est en danger, mais on ne sait pas pourquoi. Une mise en place donc, servie en revanche par de très beaux dessins, avec de belles couleurs, notamment vers la fin; eh ouais, ce que j'ai retenu de cette BD c'est surtout la fin. Un peu frustrant quand même!!
pietro
Abinagouesh est le nom du personnage principal de cet album, soit un genre de jeune lutin ou elfe, si vous préférez, qui vit en milieu familial et qui aspire à devenir un grand chaman, admiré et respecté par les autres membres de son peuple. Au cours de l'album, il nous est permis d'apprécier le monde à la fois magique et mystérieux de la forêt qui sert de toile de fond aux aventures du jeunot.
Alexandre Lafleur, le dessinateur de ce premier tome de la série, nous offre un panorama resplendissant, des personnages et des créatures superbement dessinées et fortement inspirées des oeuvres de Brian Froud et Alan Lee, auteurs reconnus pour leurs livres sur les fées et les faerielands. Lorien, le coloriste, souligne et rehausse le travail médiculeux de Lafleur - dont l'encrage s'est effectué à l'aide de pointes 0.1 afin d'offrir un trait ultra-fin - en nous offrant une palette de couleurs très vives et lumineuses, ce qui complète en tous points le côté occulte et mystérieux des forêts profondes et encore vierges des influences de l'Homme.
En résumé, l'aspect graphique de cet album est excellent. Toutefois, j'ai été triste de constater que le scénario n'offre pas le niveau de maturité auquel on pourrait s'attendre de l'auteur, d'autant plus que l'album est présenté dans la collection "Terre de Légendes", collection qui depuis plusieurs années nous offre une sélection d'albums ayant un traitement beaucoup plus adulte que celui-ci.
J'espère que les auteurs sauront se reprendre pour la suite des aventures d'Abinagouesh, en nous offrant encore une fois un rendu tout aussi féérique que dans ce premier tome, mais en solidifiant la trame du scénario et des textes.