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n 1869, le directeur du New York Herald a une idée pour relancer les ventes de son journal : envoyer un de ses meilleurs journalistes sur les traces de David Livingstone, le célèbre scientifique, porté disparu dans le sud de l’Afrique depuis trois ans. Henry Stanley débarque ainsi quelques mois plus tard à Zanzibar. De là, il s’enfonce au cœur de territoires inconnus, à la tête de cent-quatre-vingt-dix hommes : porteurs, soldats, cuisiniers ou interprètes. Les difficultés s’accumulent : pluies diluviennes, taons et serpents. Le personnel se change parfois en déserteurs ou en voleurs. Neuf mois plus tard, Livingstone est retrouvé à Oujiji. Le reporter et le docteur sympathisent. Néanmoins, quand il s’agit d’organiser le retour en Angleterre, le voyageur n’est pas enthousiaste. Il a encore un rêve à réaliser : trouver les sources du Nil.
Nouveau volume de la collection Explora, Livingstone, le missionnaire aventurier retrace le parcours du héros anglais, médecin et pasteur, devenu explorateur par amour pour un continent et son peuple. Les conversations entre les deux principaux protagonistes sont autant de prétextes à des retours en arrière sur l’existence du savant : la naissance en Écosse dans une famille pauvre, l’usine de filature à l’âge de dix ans, les études de médecine et de théologie, le projet avorté de découvrir la Chine et, finalement, l’Afrique. Rodolphe (environ cent cinquante albums à son actif) raconte une histoire de passion, d’humanisme et de paradoxe. En effet, David Livingstone c’est à la fois une soif de connaissance, l’attachement désintéressé aux populations autochtones et une lutte contre l’esclavagisme, mais aussi un défrichage ethnologique qui favorisera le colonialisme brutal du 20è siècle.
En quatre expéditions majeures, l’homme découvrira les chutes d’eau de la « fumée qui gronde » - rebaptisées Victoria en hommage à la reine -, le cours du fleuve Zambèze et le désert de Ngami. Il établira la cartographie de terres inexplorées et sera le premier Européen à traverser l’Afrique d’Est en Ouest. Il luttera contre fleuves difficiles, rapides dangereux, tribus belliqueuses, sangsues, maladies et fièvres. Le paludisme emportera son épouse Mary ; la dysenterie aura raison de lui l’année de ses soixante ans.
Le dessin de Paul Teng (Jhen, Shane) donne force et incarnation à cette aventure humaine. Accessible, descriptif et de facture classique, il offre une entrée dans cet itinéraire chaotique aux lecteurs de tous âges. L’objectif grand public et vulgarisation empêche de se perdre dans les grands espaces, de rendre la richesse des paysages et la variété des couleurs. L’efficacité du récit ne laisse pas de place à la réflexion, à la méditation ou à la contemplation. En attendant de lire une éventuelle version plus ambitieuse de ce sujet riche et passionnant, chacun passera un agréable et instructif moment de lecture.
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