D
ans ce petit bled de province, Ilitch et Hervé s'emmerdent. Au «chomdu» depuis un bail, ils meublent leurs journées comme ils peuvent et avec ce qu'ils ont le plus souvent sous la main : des canettes de bières et «Jacques», une vieille brêle qui est leur unique moyen de locomotion. Du petit déjeuner en début d'après-midi jusqu'à plus d'heure, sainte Binouze les accompagne, la plupart du temps servie par Mado, la patronne de leur troquet favori. Ils y retrouvent leur bande de potes pour y refaire leur petit monde, et quelques filles pour leur donner encore une raison de rester debout.
«C'est un monde que l'on connaît qu'on raconte là, et ces personnages ressemblent de près ou de loin à nombre de nos copains et copines, même si les traits et le ton sont exacerbés. Quoi que ...»- Pierrick Starsky
Le premier chapitre de Macadam Byzance a été publié dans la revue AAARG ! dont l'auteur, Pierrick Starsky, était le fondateur. Savoureux mélange des démons de Jésus de Bernie Bonvoisin, d'Affreux, sales et méchants d'Ettore Scola, le scénario retrace le quotidien d'une bande de losers aussi attachants que givrés et chacun avec son petit talent. Personnages entiers et hauts en couleurs, ils ne trichent pas et se révèlent autant aux autres qu'à eux-mêmes. Plus que dans les chutes des anecdotes qui composent le livre, l'humour viendra égayer le lectorat sous la forme des surnoms, des combines et surtout des joutes verbales toutes plus succulentes et percutantes les unes que les autres. L'alcool étant le principal refuge pour pallier la misère sociale dans laquelle ils baignent depuis trop longtemps, il n'en demeure pas moins une source d'ennuis. En témoignent d'inévitables embrouilles ponctuées par de belles tournées générales de gifles, joliment soulignées par le dessin très caricatural de Pierre Place (celle qui réchauffe l'hiver). Si le découpage, l'encrage et la forme du trait peuvent rappeler l'univers de Frank Margerin et son Lucien, ils conservent néanmoins une identité qui leur est propre et agréable à visualiser.
Chronique sociale, ce récit complet sur les galères d'une ribambelle de gentils «beaufs» est une ode à la solidarité et à l'amitié.
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