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ia vogue vers les étoiles à la recherche de vestiges à préserver de l’oubli, mais aux confins des mondes connus son propre passé l’attend.
Il est des albums qui ne laissent pas insensibles, Dans un rayon de soleil est de ceux-ci, à divers titres d’ailleurs.
D’abord par son aspect, plus de cinq cent cinquante pages, un pavé ! Ensuite par son scénario…. À l’évidence, Tillie Walden a beaucoup de choses à dire et son postulat d’une société sans hommes, quoique masculinisée, est un parti pris narratif qui suscitera immanquablement nombre d’interrogations. Pour ce qui est du rythme, après une première partie utile à défaut d’être nécessaire, le récit s’emballe et prend une nouvelle dimension créant une dichotomie pour le moins étrange. Enfin, par son graphisme : à la fois adolescent et d’une grande maturité. Ainsi, la jeune Texane dessine aux feutres et à la palette graphique les contours d'un univers coloré, onirique et inventif... loin des repères habituels.
Naïf, parfois à la limite de l’infantile ou du simplisme, mais également imaginatif, émouvant et travaillé, cet album souffle le froid puis le chaud et pourrait déchaîner les passions.
Tillie Walden a conçu un roman graphique inclassable et son travail est fabuleux ! 500 planches sorties d’ailleurs, ne ressemblant à rien de connu.
Parmi les singularités de l’album, citons : des architectures baroques flottant dans l’espace, des vaisseaux organiques pisciformes, des personnages exclusivement féminins vêtues d’uniformes d’écolière… et beaucoup d’autres bizarreries. Cela m’a évoqué un mélange improbable de Peeters version « Lupus » et de Comès période « Ergün l’errant ».
La science-fiction, ici, n’est qu’un prétexte pour raconter une étrange et magnifique histoire d’amour entre adolescentes. Mais très loin de la love story à la guimauve, ces héroïnes aux bouilles de manga vont devoir affronter mille périls avec intelligence et pugnacité pour pouvoir explorer, comprendre et vivre leurs sentiments dans un univers bien plus hostile qu’il n’y parait et dont elles ne maitrisent aucune des clés.
C’est beau, sensible, pudique et extraordinairement colorisé.
On peut toutefois reprocher à cet énorme bouquin une narration décousue, un ton naïf et une approche très fantasmagorique des décors et du background en général. Cela peut décontenancer et décourager un lecteur, même motivé, à poursuivre jusqu’au bout cette incroyable aventure.
Vous voilà avertis... Pour ma part je ne peux que vous conseiller la lecture de cette BD hors norme !