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évélé en France par Marcel Gotlib, Carlos Giménez doit sa notoriété aux Paracuellos, chroniques tragi-comiques et largement autobiographiques où il raconte son enfance dans un orphelinat au tournant des années cinquante durant les pires heures du régime franquiste. À côté de ce chef-d’œuvre de sensibilité, il est également l’auteur de nombreux albums mettant en scène l’Espagne. Dans Amor, amor !!, il a laissé passer quelques années et s’intéresse aux relations humaines et aux choses de l’amour, y compris et surtout (celles) de la sexualité.
Éviter les stéréotypes et la guimauve pour tenter de décrire la réalité, tel est le programme auquel s’est attaché le scénariste. Extrêmement ancré dans son temps – les années quatre-vingt, le SIDA, les derniers sursauts de la Movida -, les récits ne font pas de cadeaux. Les séducteurs et séductrices se révèlent bien peu sûrs d’eux, les peurs (la première fois !) et le regard des autres hantent les personnages. N’épargnant vraiment personne, Giménez se met lui-même en scène sous la forme d’un écrivain aux portes du succès, qu’une rencontre vient remettre en question. L’humeur est sombre et sans pitié pour les âmes, celle-ci est heureusement contrebalancée par un humour noir de haut vol.
Observations au scalpel couplées à un esprit de synthèse imparable, l’ouvrage peut paraître au premier abord méchant, voire cruel. Si le ton est effectivement dur, il ne fait que retranscrire la violence intérieure provoquée par les tabous d’une société vis-à-vis du sexe et le poids d’une morale catholique castratrice séculaire. Il faut bien tout le talent du créateur des Temps mauvais pour transformer ces fables en moments de lecture hilarants, humains et universels.
Constat psychologique et ironie sans retenue, Amor, Amor !! n’atteint peut-être pas les sommets des Paracuellos, mais offre néanmoins une saine réflexion sur une époque et les instincts ancrés au plus profond de nos êtres depuis la nuit des temps.
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