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'heure du grand final a sonné. Tim-21, Tesla, le professeur Solomon et l'ancien, Andy, Effie, Bandit et Blugger, le Programme, le CGU, tous ont rendez-vous en orbite autour de la planète Mata. Entre combats et révélations, c'est l'avenir de toutes les machines et de l'Humanité qui se joue. Et chaque décision aura ses conséquences.
Six épisodes - et pas un de plus - pour conclure une fresque ambitieuse et marquante, voilà le pari risqué pris par les auteurs.
Pas de temps à perdre donc et c'est sans plus de détour que le scénariste de Black Hammer éclaire l'origine de ses A.I. les plus évoluées. Ce point habilement réglé, il a tout loisir de se concentrer sur le devenir de ses protagonistes en reprenant le cours des événements et traiter les derniers enjeux exposés lors du précédent tome. Les groupes éparpillés lors des opus antérieurs se retrouvent sur la planète aquatique avec le même objectif : récupérer Tim-21 pour s'en servir afin d'atteindre leurs buts respectifs. Le salut des humains, des androïdes ou au contraire leur fin passera par ce petit bonhomme, à l'air si tranquille et si doux, qui détient la clé de la puissance des Moissonneurs. Ainsi éclatée, l'intrigue rebondit sans cesse et la tension atteint rapidement son paroxysme. L'auteur canadien en profite pour mettre en avant la diversité des aspirations de chaque espèce ; l'homme, en quête de rédemption comme Andy, de reconnaissance comme Tesla ou de pouvoir comme le général Nagoki. Ou les machines désireuses de survivre, celles cherchant à se venger des humains, ou encore, celles prêtes à vivre en paix avec eux. Avec élégance, il explore aussi bien la question de l'homme-créateur, de la place des robots dans cette société futuriste, que des rapports entre les individus ou de la violence inhérente aux Hommes.
Grâce à ses aquarelles, Dustin Nguyen est parvenu à symboliser l'antinomie force-faiblesse avec une justesse incroyable. La prouesse s'étend d'ailleurs à l'ensemble du contexte où son dessin organique épouse à merveille les contours mécaniques des personnages et des décors. Mieux, il accentue cette constante opposition jusque dans le choix des représentations. La différence de taille entre Tim et ses ascendants, le côté rustre et massif du foreur alors qu'il se révèle altruiste et drôle, la finesse des traits de Tesla qui cache une force de caractère et un sens du devoir hors du commun... Même les teintes et la mise en page sont mis au service de l'ambiance si particulière de cette véritable saga spatiale. Les tons rougeâtres des combats et explosions répondent aux bleutés des machines, quand les grandes cases renforcent le gigantisme et des capacités des Moissonneurs.
La fin d'un monde ancien est à l'image de la série : réussi, maîtrisé et prenant de bout en bout. Jeff Lemire et Dustin Nguyen ont su construire un univers cohérent et graphiquement splendide, autour d'une intrigue passionnante aux thématiques riches. Pourtant, de l'aveu même du scénariste en postface, cette conclusion n'est pas celle qu'il avait envisagée au début de l'aventure. Mais, difficile d'imaginer un autre épilogue et de ne pas s'incliner devant le savoir-faire des artistes qui, en plus d'apporter des réponses à toutes les questions, posent les bases de leur future création. Prévue outre-Atlantique pour avril, Ascender se déroulera dix ans après la fin des aventures de Tim, Andy et les autres et mêlera science-fiction et héroic-fantasy. On en salive d'avance.
Une fin assez spectaculaire pour une série qui l'a été du début à la fin. On retrouve tous les protagonistes au sein d'un gigantesque conflit qui en met plein la vue, et on en apprend également plus, dès le début de l'album, sur les Moissonneurs.
C'est toujours difficile de clôturer une série mais les auteurs s'en sortent particulièrement bien. La fin mentionne une suite dans une nouvelle série, Ascender, mais suffit en soit pour clore la série Descender.
Petite remarque qui n'a rien à voir avec l'histoire, mais plutôt à destination de l'éditeur : il est écrit au dos "tome 5" alors qu'il s'agit du tome 6. C'est assez fréquent chez cette éditeur d'avoir des coquilles et c'est un peu dommage.