I
l était une fois Mick et Keith. Les deux gaillards n’ont rien en commun. Le premier désire richesse et célébrité... le second veut jouer du blues. Le premier brûle d’être libre et se taper plein de nanas... le second veut jouer du blues. Ce duo improbable va pourtant bouleverser le monde du rock’n’roll. Dans Backstage, la genèse des Rolling Stones (qui se nommaient alors Little boy blue and the blue boys) est racontée avec humour, dérision… et sérieux.
Le livre prend la forme de gags présentés en une demi-planche. Autant d’instantanés témoignant de la préhistoire de la formation. Bien que le ton soit léger, James a fait ses devoirs et le résultat est, paraît-il, authentique à 90 %. Au fil des pages, le lecteur découvre ce qui anime les compères, il voit le groupe s’adjoindre des musiciens, certains feront partie de la bande, d’autres, moins doués, disparaîtront rapidement. Le scénario s’arrête dès lors que les comparses s’apprêtent à partir à la conquête de l’univers. À quoi bon ressasser ces épisodes que tous connaissent déjà ? L’auteur relève par ailleurs le défi de présenter un récit qui intéressera également celui qui ignore tout de la musique de ces bardes britanniques. Après tout, il s’agit fondamentalement de l’histoire de gamins qui rêvent de sortir de leur banlieue. L’amateur se réjouira quant à lui de déceler des clins d’œil à Satisfaction ou à Sympathy for the Devil et même aux Beatles, leurs futurs et éternels rivaux.
Le dessin de Boris Mirroir est tout en sobriété. Les décors demeurent sommaires et les personnages simples, un peu comme si l’artiste avait choisi de suivre la mélodie imposée par son scénariste sans se mettre en avant, par exemple en insérant des gags visuels. Son travail d’accompagnement est néanmoins efficace, comme un bon « riff ».
Un album qui provoque le sourire et donne le goût de fouiller dans sa pile de disques compacts pour redécouvrir Honky Tonk Woman et Sweet Virginia.
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