U
n nouveau livre, une série de rencontres et signatures avec les lecteurs, les semaines à venir s’annoncent bien occupées pour F.H. Fretwell. Premier pépin, il se fait subtiliser sa valise à la gare. Rien de trop grave, elle ne contenait que des exemplaire de son dernier roman. Plus ennuyeux, aucune publicité ne semble avoir été faite pour annoncer sa venue. Plus étrange encore, la charmante employée qui l’a accueilli est portée disparue le lendemain de sa première séance de dédicace. Une coïncidence, cela va sans dire. La police tient néanmoins à l’interroger. Et puis, pourquoi n’arrive-t-il pas à contacter son éditeur ? Et voilà les agents de Scotland Yard qui reviennent lui poser d’autres questions.
Fable mêlant absurde et flegme tout anglais, La tournée aurait aussi bien pu être signé Eugène Ionesco ou Samuel Beckett sans que personne n'y trouve quoi que se soit à sourciller. En partant d’une situation certainement nourrie par ses propres souvenirs (et angoisses) d’auteur en promotion, Andi Watson (Point de chute) a imaginé un récit avalanche à tendance paranoïaque. Bien entendu, le héros aurait dû percevoir que, petit-à-petit, toute sa réalité était en train de s’effilocher. Mais non, persévérant tel Sisyphe, il insiste et continue contre vent et marée à vouloir présenter le fruit de son travail. C’est un artiste, les tracas du quotidien ne lui sont que secondaires et mettront beaucoup de temps à l’atteindre.
Les dessins au charme rétro et le découpage tout simple procurent une atmosphère désuète à l’album. Pour autant, Watson fait preuve d’une précision admirable et, surtout, d’une attention toute particulière aux petits détails. Résultat, sans en avoir l’air, la lecture est prenante : qu’arrive-t-il donc à ce brave monsieur Fretwell ?
Sous un « emballage » un peu terne, La tournée cache un concentré d’humour pince-sans-rire, de second degré de haut vol et de réflexion à peine voilée sur le doute existentiel. Un vaste programme à accompagner d’une tasse thé, of course.
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