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epuis des décennies, Andy et ses compagnons se consacrent à la guerre, bénéficiant de leur immortalité pour exceller dans ce domaine. Si pendant longtemps il a été aisé de camoufler cet état, l’ère moderne et sa technologie rendent pratiquement impossible de ne pas laisser de traces. Pour qui sait les lire, c’est alors la porte ouverte sur le plus vieux fantasme de l’humanité : la vie éternelle.
Ce nouveau récit de Greg Rucka s’avère extrêmement martial. Avec l’invincibilité des personnages principaux, le scénariste livre quelques moments qui ne manqueront pas de réjouir les amateurs du genre. Le problème vient du fait que tout cela tourne quand même à vide, les enjeux de ce récit étant bien minces. Heureusement, l’auteur sait raconter une histoire et poser ses protagonistes, rendant ainsi la lecture agréable.
Ce sentiment mitigé se retrouve au niveau du dessin de Leandro Fernández. Efficaces et collant bien au rythme du scénario, ses planches souffrent d’un manque d’attractivité lié à la définition sommaire des individus et l’absence bien trop fréquente de décors qui, en plus, lorsqu’ils sont présents, sont simplement fonctionnels.
Une contextualisation plutôt réussie mais, si une suite voit le jour, il faudra que cette dernière s’appuie sur une intrigue bien plus construite et ambitieuse.
Ce n'est pas parce que je n'aime pas une bd qu'elle est forcément mauvaise. Cela veut parfois dire que je n'ai pas adhéré au récit et au graphisme. C'est encore une fois le cas en l'occurrence alors que je suis certain qu'elle pourra rencontrer des adeptes.
Le thème est celui de l'immortalité. Rien de nouveau par conséquent. Le traitement pourra apparaître comme assez original en commençant par un thriller de guerre avant de prendre une direction un peu inattendue.
Je n'ai pas du tout aimé cette surenchère dans la manière de mourir en faisant un carnage. A feu et à sang est le sous titre de ce premier tome. C'est beaucoup trop bourrin en ce qui me concerne. Mais comme dit, d'autres que moi peuvent aimer cela et c'est très respectable.
Au niveau du graphisme, je n'ai pas aimé le trait, ni ce clair-obscur aux encrages assez marqués. On notera une couverture particulièrement hideuse au niveau des couleurs. Après, c'est une question de goûts.
Pour une fois, j’aurais vu le film avant de lire le comics. The Old Guard est un film d’action sans grand intérêt, sorti en 2020 sur Netflix, dans lequel s’enchainent les fusillades. Malgré son succès, je ne le recommanderais pas à moins d’avoir épuisé le catalogue du genre ou d’être un inconditionnel de Charlize Theron (bien que sa performance y soit très en-deçà d’Atomic Blonde dans le même registre). Plus qu’une adaptation, il s’agit d’une véritable transposition, par son propre scénariste, du comics sur grand écran. Sans une once d’originalité – à l’exception de la romance de l’héroïne, développée dans le T2 –, on y retrouve donc le même schéma narratif et les mêmes scènes. Sa lecture achevée, le matériel de base, par Greg Rucka et Leandro Fernández, s’avère avoir un dernier point commun avec le film : il est également très décevant (The Old Guard 2017, #1-5).
C’est l’histoire d’un petit groupe d’immortels, ou presque, dont on ne saura rien d’autre qu’ils combattent de par le monde depuis la nuit des temps. Aucune explication quant à leur origine, leur rôle ou leur motivation ne sera donnée au lecteur. Il faudra se contenter de brèves scènes à différentes périodes de l’Histoire et supposer que les deux arcs qui suivent apporteront quelques réponses. Son existence dévoilée, le groupe part en chasse d’un adversaire caricatural au possible dans un déchainement de violence ininterrompu jusqu’au dernier épisode.
L’album se lit très rapidement, ce n’est pas très subtil et on est plus proche du pitch que du véritable scénario. Rucka aurait su faire tellement mieux, mais il avait déjà probablement son film d’action en tête. Le dessin de Fernández est tout juste correct mais la colorisation très vive le dessert (à l’image de la couverture rose sur laquelle l’éditeur a cru bon de laisser le nom du lettreur de la VO).
Le design guerrier, le thème des immortels et le design de couverture associés à un très bon bouche à oreille m'avaient donné très envie de lire ce volume... qui, je dois l'avouer m'a pas mal déçu. Ceci principalement du fait de dessins qui peuvent rappeler ceux des pourtant bons Shipwreck et Moonshine et dont j'aime généralement le style d'encrages très contrastés, mais qui ici pèchent franchement par une technique des visages et des personnages en général. On ne peut pas dire que ces cadrages serrés soient agréables à l’œil alors que la BD porte essentiellement sur ces personnages. Je ne sais si c'est un style recherché ou si le dessinateur atteint ses limites mais c'est très dommageable à la lecture de cette histoire d'un commando immortel trahi par son commanditaire. On retrouve pas mal de Eternal Warrior et Ninjak de chez Valiant dans cet album qui semble être fait pour être décliné en film ou série TV. Une BD d'action, de sang où la Vieille garde en prend plein la tronche et où Greg Rucka (qui aime les immortels!) sait apporter des éléments originaux. Un peu frustrant, The old Guard pourra vous satisfaire si vous n'attachez pas trop d'importance aux dessins, sinon je vous conseille d'attendre la version Netflix qui sera très probablement une grande réussite avec un tel matériau.
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