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artir trois jours avant un engagement de toute une vie, c'est ce qu'a décidé Dani. Avant de se marier avec Alex, ce photographe se rend sur les lieux de son enfance, un village balnéaire de Catalogne où il passait ses étés. La raison officielle ? Un reportage sur le temps qui passe, en images. Pourtant, au fond de lui-même, il sait pertinemment que c'est l'occasion de faire son deuil d'une époque-charnière, où tout aurait pu être différent...
Avec délicatesse, Alfonso Casas propose le voyage temporel et géographique à la fois d'un homme qui doute et s'interroge sur la pertinence des décisions qu'il a prises il y a vingt ans : comme une histoire inachevée qu'il faudrait clore, les interrogations qui le hantent, et si, et si... L’auteur aborde l’homosexualité avec naturel et sincérité, évitant les clichés du refoulement et retraçant de manière simple les souvenirs d'ados qui se cherchent, se font souffrir et mûrissent au gré de leur choix, - bons ou pas - . Il n'est pas vraiment question de regret mais surtout de nostalgie, ce qui fait de ce bel ouvrage une lecture émouvante et rafraîchissante, avec une tendresse réelle qui remue les cœurs. L'alternance des périodes se révèle très bien gérée, pour terminer le récit sur une fin ouverte qui laisse le lecteur s'interroger sur ce qui aurait dû être fait.
Les jolies couleurs, empreintes de douceur, varient les tonalités pour évoquer le passé ou le présent. L'artiste utilise un trait gentiment caricatural, apportant une touche de légèreté et de bienveillance et accentuant de ce fait l'empathie dégagée par les protagonistes.
Coup de cœur émotion pour Le dernier des étés, évocation douce-amère d'un premier amour, forcément tourmenté, évidement magnifique, illustré avec beaucoup de sensibilité et d'intelligence.
Cette bd est sans doute autobiographique pour l’auteur espagnol qui a vécu une expérience en amitié assez douloureuse. Il venait en vacances chaque été dans un petit village au bord de la mer. Il rencontra celui qui était surnommé Poil de carottes à cause de ses cheveux roux.
Une sincère amitié se lia et se renforça au fil des années. Puis un jour à savoir le dernier des étés, il décida unilatéralement d’y mettre un terme et ne retourna plus jamais dans ce village. Il est à la veille de se marier 20 ans plus tard et décide de faire un séjour en solitaire pour retrouver sa trace.
Ce thème de l’amitié déchue me tient particulièrement à cœur. Parfois, il suffit d’un silence ou d’un regard d’incompréhension pour signer la fin d’une amitié. La blessure peut être par la suite immense. Il faut la combler et cela peut prendre des années. Ce qui est refoulé peut resurgir un jour. C’est le voyage qu’entreprend l’auteur à l’aide de photos prises à l’époque. Il se remémore les bons moments passés ensemble.
Sur la forme, je n’ai rien à redire. J’ai apprécié la qualité du trait. Il y a également certaines trouvailles comme ce papier calque au milieu de certaines pages qui donne de la perspective entre le passé et le présent. C’est ingénieux. L’ouvrage est publié sur un support de bonne qualité avec même un protège-cahier. Bref, le cahier des charges est respecté plus qu’honorablement.
A noter que cette bd va jouer sur une espèce d'ambiguïté qui va lui conférer toute sa force. Une œuvre sensible d'une belle nostalgie que j'ai beaucoup aimée.
Histoire pleine de sensibilité et de retenue sur le premier amour.
Nous voyons le temps qui passe sur 20 ans.
Pour les nostalgique des occasions manquées.
Les dessins et les couleurs sont très travaillés.
Tous les personnages sont importants et la fin est ouverte.