L
a faim : ennemi bien plus insidieux et pénible que le rouleau compresseur américain. La tentation est alors très forte de rejoindre le camp des prisonniers, de se rendre tout simplement pour mettre fin au calvaire. Mais pour un soldat japonais, la trahison n'est pas tolérable, même si chacun sait que les chances de vaincre et de survivre sont quasi nulles. Une tension et une ambiance morbide s'installent et certains veulent en finir vite. L'«honorable effacement» s'annonce imminent, il est primordial de sauvegarder la fierté de la nation du Soleil levant.
Dans ce tome trois, Kazuyoshi Takeda n'épargne ni le lecteur ni ses personnages en accordant une place de plus en plus présente à la mort, et celle-ci peut revêtir maintes formes. Si le rythme se ralentit, l'atmosphère s'alourdit pour laisser s'installer un étrange climat, plombé et désespéré. Tamaru reste le protagoniste en fil rouge du récit, c'est à travers ses yeux que s'exprime toute l'atrocité et l'ineptie du conflit qui s'enlise inutilement. Ici, la notion d'honneur devient incongrue et rejette les clichés habituels du héros et du courage, quelle valeur accorder au sacrifice vain ? En opposant son esthétique légère à l'énoncé cru des événements, le mangaka atténue certes la violence visuellement, pourtant, elle n'en reste pas moins bien prégnante psychologiquement.
L'étau se resserre pour la troupe nippone dans ce troisième épisode où l'absurdité de la guerre s'expose dans toute sa splendeur, dans toute son horreur. Très bon traitement sur le sujet, néanmoins, lecture éprouvante !
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