Q
uarante-neuf ans sont passés, mais pour Megan, ce fut juste le temps d'un battement de cœur. Les idées encore confuses, elle se réveille sans reconnaître son environnement : un sarcophage de cryogénie, des parois métalliques, des câbles, des ordinateurs... La jeune femme se trouve à bord de l'une des douze stations mises en orbite autour de la Terre après les ravages radioactifs causés par les nombreuses guerres. Tout cela, elle l'apprend par Adam, l'autre passager. Car Megan ne se souvient de rien ou presque. Mais quelques fash-back et l'étrange attitude de son partenaire l'amènent toutefois à douter de la situation...
Après le vrombissant Streamliner , changement de décor et d'ambiance pour le nouveau diptyque de Fane. En effet, l'auteur revient avec un huis-clos en apesanteur et seulement deux personnages, dont l'histoire ne se dévoile que très peu. Sur un postulat certes rebattu, habilement, une atmosphère épaisse et tendue s'installe, puis glisse petit à petit vers une paranoïa contagieuse. Comme l'héroïne, le lecteur s'interroge sur tout et pointe du doigt chaque élément. Une sorte de faux rythme génère une menace latente. La narration sans faille est maîtrisée de bout en bout et ne lâche rien, tenant en haleine jusqu'à la dernière page qui annonce un retournement de taille.
Le trait épais est assez inégal et chiche de détails. Pourtant, passée cette première impression de relâchement, le rendu général s'avère approprié au climat de suspicion et de mystère, renforcé par la colorisation en aplats d'Isabelle Rabarot. Si la mise en page reste conventionnelle, les cadrages proposent d'intéressantes perspectives, faisant visiter le moindre angle du vaisseau, théâtre unique de l'action et profiter au mieux des émotions du duo d'acteurs.
Un premier tome bien ficelé et déroutant, qui se termine sur le sentiment que quelque chose est sur le point d'arriver. Patience.. réponse dans le second épisode !
Un homme et une femme enfermés dans un satellite survivant d'un holocauste qui a décimé l'humanité.
Un huis-clos mystérieux dans l'espace avec un dessein très sympa et des couleurs douces.
C'est étouffant, intrigant, captivant. VIVEMENT LA SUITE !
C'est un huit clos dans l'espace rondement bien mené. Il fallait le réaliser pour nous tenir en haleine à partir de seulement quelques éléments. Pour ceux qui connaissent bien la série sur Netflix "The 100", on part du même constat de base à savoir des vaisseaux envoyés dans l'espace pour stationner en orbite terrestre après une guerre nucléaire entre USA et URSS dans un monde uchronique en 1971. Visiblement, Nixon est allé trop loin après l'envoi d'observateurs russes au nord du Viet-Nam. Il faut attendre alors 50 ans et voir si la Terre est à nouveau vivable.
Il est vrai que ce premier tome se termine sur un gros suspense bien qu'on semble deviner un peu les contours. Je pense que notre héroïne amnésique à son réveil a dû être manipulée pour une expérience d'un genre nouveau. On verra ce qu'il en est à travers la suite.
J'ai bien aimé l'approche. On se sent assez proche des personnages. C'est un scénario qui pourrait facilement s'adapter sur le grand écran bien que cela ne soit pas la première fois avec ce type de scénario. Bref, c'est diablement efficace avec un style graphique semi-réaliste assez séduisant et surtout convaincant.
Le dessin de Fane, assez bâclé je trouve, m'avait rebuté dans l'achat de cet album que pourtant m'avait recommandé mon libraire.
Finalement, un simple emprunt à la médiathèque m'a convaincu de lire cet opus.
Et bien je dois dire que j'ai été agréablement surpris par ce huis-clos post apocalyptique. Je ne m'y suis pas ennuyé un seul instant alors que nous suivons seulement l'histoire de deux personnages, dont l'un Adam, nous semble cacher ses véritables intentions.
C'est bien amené, et même si j'ai une vague idée sur ce que découvrira Megan, j'ai hâte de connaitre la suite.
Une histoire prenante et habile.
La jolie couverture très poétique de cet album et la maquette élégante (comme toujours chez Comix Buro) donnent envie d'ouvrir l'album. A noter que le studio d'Olivier Vatine publie désormais en tant que tel ses albums, dans le cadre d'une sorte de Join-venture avec Glénat, ce dernier gérant la fabrication quand tout le travail éditorial est intégré chez Comix-Buro. L'auteur 'Fane a déjà collaboré avec le studio sur le diptyque Streamliner qui avait joui d'une excellente audience à sa sortie. Vatine travaille toujours en "famille" et je dois dire que si sa régularité d'auteur peut agacer, sa qualité artistique pour lancer projets, auteurs et collections impressionne.
Megan se réveille d'un sommeil de 49 ans, amnésique. Son hôte lui dit qu'elle était volontaire sur le projet Hope, anticipation d'un apocalypse nucléaire sur Terre et destiné à recommencer l'humanité avec une équipe triée sur le volet. Mais Megan a peur. Elle doute, elle panique. Elle veut sortir de cette station spatiale, cercueil autour d'une planète devenue inhabitable...
Hope One est une version d'un genre très balisé: le huis-clos paranoïaque post-apocalyptique, ici transposé dans un vaisseau en orbite. Beaucoup de très bons films notamment sont sortis sur cette intrigue (récemment Cloverfield lane)et il est difficile de surprendre tant les hypothèses sont peu nombreuses et basées principalement sur la capacité de l'auteur à focaliser l'attention du lecteur sur le personnage principal et son esprit perturbé. Pour moi la réussite d'un tel album réside ainsi surtout dans l'efficacité et le respect des canons du genre. Faute d'originalité il faut parfaitement exécuter la figure de style.
Sur ce plan l'album est très réussi et montre une grande maturité, notamment scénaristique, de 'Fane qui déroule son intrigue progressivement dans un faux-rythme constitué de coupures temporelles destinées à nous rendre impossible toute appréciation d'une continuité. L'idée est de nous faire ressentir la désorientation de son héroïne. Le cadrage de l'intérieur du vaisseau (assez réussi et détaillé) nous interdit toute exploration de l'environnement, qui ne transparaît que subrepticement par le hublot. et par des plans extérieurs de la station. Là encore dans une technique éprouvée, le lecteur ressent l'angoisse en étant obligé d'imaginer ce que peut être le hors champ.
Tout se passe donc entre les deux personnages et rapidement on réalise que Megan est totalement dépendante de ce que lui dit Adam. Celui-ci, d'un physique et d'une allure très bienveillante, bonhomme, rassure dans un premier temps, avant que Megan ne panique et nous fasse douter de lui. Quelques éléments font monter la pression, comme ces cachets qu'il lui fait avaler ou le fait de se réveiller chaque jour nue dans son lit sans se souvenir du comment... Adam agit normalement, en technicien de vol qu'il est, opérant des sorties spatiales, suivant le protocole de contact des autres Hope en orbite autour de la Terre, mais chaque fois il est impossible à Megan d'en savoir plus. Il lui explique que son amnésie et l'isolement spatial provoquent une paranoïa qu'il lui faut contrôler. Qui dit vrai?
J'avais feuilleté Streamliner et avais moyennement accroché sur les dessins, pas assez précis. 'Fane est très clairement dans la filiation Vatine, avec des visages parfois presque sans contours, de beaux encrages mais une certaine économie du trait qui se repose sur la très jolie colorisation d'Isabelle Rabarot (coloriste de Vatine et figure incontournable de la collection Série B Delcourt à l'époque). Je trouve cela dommage et reprocherais donc la même chose à cet album qu'aux dernières BD d'Olivier Vatine: une qualité graphique un peu gâchée. On pourra dire que la sortie rapprochée des deux volumes de la série (le second était annoncé pour mai, on peut prévoir une sortie à l'automne) justifie une réalisation rapide. En outre on voit déjà une progression du trait de l'auteur depuis sa précédente série.
En conclusion, Hope one s'avère un album très formaté, comme tout bon blockbuster ciné, surfant sur des ressorts psychologiques éprouvés mais très bien maîtrisés. Hormis l'atypique Mort vivante (en raison du graphisme unique de Varanda), les albums de Comix Buro, comme ceux de Série B autrefois, n'ont pas une grande ambition mais assurent le job tant graphiquement que par leurs concepts. Je le disais en introduction le risque des histoire à twist final est d'être déçu. Il faudra voir le prochain album pour savoir où on en est après le cliffhanger attendu. D'ici là cet album jouit d'une réalisation tout à fait solide, qui donne du plaisir et fait attendre la suite. C'est ce qu'on attend avant tout...
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2019/07/03/hope-one-1
Fane s'est attaqué à un exercice plutôt difficile.
Comment retranscrire l'enfermement, la dépression, l'angoisse, le vide… dans une bande dessinée ?
L'exercice est plutôt bien réussi.
En alternant discussions scientifiques, questions, engueulades soutenues, grands moments de silence et regards en coin, on arrive presque à ressentir cette atmosphère très lourde et pesante qui règne sur Hope One.
En dépit de la trame principale et de l'orientation du scénario toute tracée, on sent bien qu'il se passe des choses pas claires et que tout va changer de direction dans le second tome.
Avec un dessin volontairement un peu brouillon, comme si l'auteur avait colorisé directement son storyboard, c'est l'état d'esprit complet de Mégan qui est retranscrit : amnésie, confusion, troubles, inquiétudes, questionnement... afin de coller au plus près de ses émotions et de son ressenti.
Et sur ce point-là, on peut dire que le pari est gagné.
J'ai eu du mal à aller sur cette bd, le dessin à la façon d'un story board ne m'a en première vue pas donné envie.
Et après discussion avec ma repré, je me suis lancé et très rapidement j'ai trouvé l'ambiance agréable et le scénario accompagnant m'a emballé.
J'ai hâte de lire la suite et fin qui est prévue le 22 mai.
Pleins de questions sur la suite de ce T1.
Le challenge de Fane était difficile. Rendre vivant un huis-clos avec peu d'action dans un univers spatial mais confiné pour y enfermer deux personnages. Vous l'avez compris, le genre était jusque-là plutôt réservé au cinéma ou au théâtre et, dans ce cas, c'est le jeu d'acteur qui fait la différence... Mais comment reproduire cela avec des images arrêtées ?
Fane réussit ce tour de force en développant au maximum les rapports entre les deux personnages tout en jouant entre les dialogues et les moments de silence. Le style se rapproche plus du story-board et touche au but ! On est conquis, subjugué, pris dans le scénario et le suspens. Impossible de ne pas lire cette histoire d'un seul trait. Vivement la suite.
BD dessinée rapidement, action très lente mais vous devrez lire le tome 2 pour tout comprendre.
Le début semble inutile mais il donne une idée pour la fin.
Avec Streamliner, Fane avait passé la barre très haut. Je l'attendais donc au tournant.
Hope One est une BD de SF, au dessin et à la narration totalement différents de Streamliner. C'est déroutant au début, surtout pour le dessin, beaucoup moins léché, plus "brouillon" (mais on s'y fait vite).
L'histoire est quant à elle minimaliste : il ne s'y passe pas grand chose et quand arrive la fin, on n'a strictement aucune idée de ce que sera la suite et in de l'histoire.
Bref, il ne se passe pas grand chose dans ce tome 1, mais la narration est parfaitement fluide et maîtrisée et on enchaine les 70 pages comme si de rien n'était. Ce qui en fait une BD quand même réussie, même si elle nous laisse carrément sur notre faim.