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iller le trésor d'Ignir le dragon n'est pas chose simple, y compris pour des Vikings endurcis. Quand en plus ils se font doubler par des inconnus qui s'emparent et disparaissent avec le bien le plus précieux de l'animal, avouez qu'il y a de quoi perdre le nord ! Hormis le fait d'être tenu pour responsable de ce vol, le comble est de constater que leur roi Dagmar est condamné à mourir lentement si le joyau n'est pas restitué dans les plus brefs délais. Harald, son fils, n'a pas d'autres choix que de se lancer à la poursuite de ces forbans. Il faut agir vite car le temps est compté.
Harald et le trésor d'Ignir est avant tout une histoire de famille à l'initiative d'Antoine Brivet, le cadet de la fratrie. Aperçu auparavant dans les romans Wonderpark de Fabrice Colin, il signe un graphisme particulièrement soigné, plein de beauté et dans lequel se confrontent réalisme et caricature. Privilégiant l'aventure et le voyage initiatique, les scènes d'action restent volontairement softs. Pour évoquer l'encrage et son effet visuel, il suffit de se pencher sur la plupart des cases pour s'apercevoir que les couleurs prononcées des décors contrastent avec les teintes claires habillant les personnages placés aux premiers plans, apportant ainsi un relief bien appréciable.
Issues de représentations traditionnelles de faits, les bases du pitch une fois définies, c'est Matthieu, l'aîné du clan, qui achève le travail pour en faire un récit de fantasy original. Bien documenté, le scénariste dresse un portrait équilibré et conforme à ce que furent les guerriers normands. Pas seulement connus pour les rapines, les brigandages et les barbaries symbolisées par la violence des raids, l'auteur incorpore aussi leurs qualités, souvent ignorées ou délaissées par les différents synopsis, car ils étaient en outre des marins et des explorateurs expérimentés ainsi que des commerçants redoutables en affaires. La bravoure est également mise à l'honneur sous l'apparence du jeune héros qui devra se défaire de nombreux pièges et ennemis qui se présenteront devant son bouclier, à commencer par lui-même et les choix cruciaux qu'il devra prendre dans ce premier volet d'un diptyque.
Loin de n'être destiné qu'aux jeunes flibustiers, les vieux corsaires pourront aussi souquer ferme aux côtés d'Harald, de Sigvar et des autres pirates scandinaves. Ils pourraient bien se surprendre à suivre leurs aventures avec intérêt.
On relèvera d'emblée que c'est une fratrie qui a créé cet album un peu inspiré de la série d'animation Dragons (bien qu'aucun lien n'existe et je préfère le préciser). On sent alors une parfaite osmose tout le long de cette lecture.
C'est une aventure viking où il sera question d'un dragon gardien de trésor. Un roi réussit tant bien que mal à voler Ignir le dragon mais cela ne sera pas sans conséquences. Seul un joyau assez particulier pourra le sauver.
Rien n'est vraiment très original dans le scénario mais c'est plutôt bien construit pour trouver son public.
Le dessin est tout à fait appréciable dans un style semi-réaliste mais au trait assez enfantin. A noter également une belle colorisation qui donne du panache à l'ensemble. Bref, il y a du rythme et un certain intérêt à poursuivre l'aventure.