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ream a fait une erreur il y a bien longtemps: dans un accès de colère il a condamné une jeune fille qu'il aimait aux enfers. Maintenant, rongé par la culpabilité, il veut la délivrer, mais la tâche ne sera pas aisée: ses relations avec Lucifer ne sont pas au beau fixe...
Delcourt inaugure ici la publication d'une des oeuvres majeures de la bande dessinée, tous genres confondus. Sandman est un comic titanesque en 10 volumes retraçant une partie de la vie de Dream, le façonneur de rêves, et de son entourage: ses frères Infinis, ses sujets du palais des songes et toute une galerie de dieux, demi-dieux et personnages mythologiques qui complotent, s'allient, se trahissent, s'aiment et se haïssent éternellement...
Un des gros points forts de cet album est de montrer des dieux sous un jour totalement humain, avec des qualités et des défauts, comme ceux des civilisations antiques. Les divinités sont à l'image de l'homme et pas l'inverse, ce qui les rend passionnés et passionnants, car plus proches du lecteur. Dream en particulier apparaît complètement perdu dans cette histoire, il doute, fait des erreurs qu'il essaie tant bien que mal de rattraper, il est sujet à des crises d'états d'âme, se montre arrogant et irritable... Entre ses mains il tient quelque chose qui le dépasse totalement, quelque chose qui pourrait créer un conflit et une catastrophe sans précédent, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne paraît pas à la hauteur de la tâche, tant la peur et le doute le rongent. C'est un antihéros.
Gaiman évite habilement l'écueil du comic d'action sans réflexion, et crée une saga contemplative mais épique, construite comme un conte. Il n'épargne aucun de ses personnages et par la même les rend vivants. Plusieurs dessinateurs ont réalisé les différents chapitres de cet épisode, et il faut bien reconnaître que cela ne sert pas vraiment le récit, qui pêche par manque d'unité graphique. Le dernier chapitre en particulier détonne et nécessite un temps d'adaptation. D'autre part, si La saison des brumes peut très bien se lire indépendamment des autres volumes de la série, une vingtaine de pages sont nécessaires pour se plonger dans le récit, ce qui ne serait probablement pas arrivé si Delcourt avait commencé la publication de la saga dans l'ordre.
Ne faisons pas la fine bouche, La saison des brumes est prenant, Gaiman fait montre d'un talent de conteur et de metteur en scène rare et son histoire possède la puissance évocatrice des récits mythologiques. Une superbe réussite.
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