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lutôt qu’une biographie traditionnelle ou un essai savant, c’est sous la forme d’un abécédaire que Thierry Groensteen a conçu sa monographie-hommage à Marcel Gotlib. D’Absurde à Zizi en passant par Coccinelle et Fluide Glacial, il raconte l’homme (un peu) et l’œuvre (surtout). Par la même occasion, il confirme l’importance et la place – tout en haut avec Hergé, André Franquin et autre Harvey Kurtzman – de l’immortel créateur de Gai-Luron, La Rubrique-à-brac, Hamster Jovial et Superdupont.
Si la bande dessinée est devenue adulte quelque part entre 1968 et 1975, Gotlib en est certainement l’un des artisans les plus fautifs. Certes, la société était « mûre » pour certains changements à cette époque, le rôle de catalyseur et de révélateur de La Rubrique-à-brac (publiée dans Pilote) a néanmoins été fondamental. Comme le souligne Groensteen, c’est là qu’une bonne partie de la jeunesse a pu découvrir qu’il existait une multitude de manières d’appréhender et de raconter le monde. Évidemment, ce n’était pas réellement un appel à la révolution ni même à la révolte. Par contre, tout en déconnade, Marcel ouvrait la boîte de Pandore qu’il allait activement désintégrer quelques années plus tard par l’intermédiaire de L’Écho des savanes.
Pour autant, passé sa phase pipi-caca-sexe-open bar, Gotlib se révèle plus un continuateur qu’un nihiliste. Avec Fluide Glacial, il reprend le rôle de son mentor – René Goscinny – et accompagne ainsi une nouvelle génération d’artistes. Épuisé, il pose ses crayons dans les années quatre-vingts, mais continue de forger sa légende à coups d’éditoriaux délirants et de quelques apparitions dans des romans-photos pas moins hilarants.
Oscillant entre des analyses plus techniques, des anecdotes amusantes et des souvenirs personnels nostalgiques, cet Abécédaire gotlibien se déguste avec gourmandise et provoque une irrépressible envie (nécessité même) de replonger dans cette extraordinaire œuvre dessinée (poil au nez).
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