C
omme son nom l'indique, Villermine est une cité immonde et totalement livrée à elle-même. La débrouille, le vol et forcément le crime sont les seules voies pour survivre. Jacques Peuplier est un détective un peu particulier : laconique et acariâtre, ce colosse se propose de retrouver des objets du quotidien qui ont été perdus, oubliés ou dérobés. Facile quand on possède le don extraordinaire de pouvoir communiquer avec eux ! Mais ça devient plus compliqué lorsqu'il s'agit d'enquêter tout bonnement sur la disparition de la fille de la reine des bas-fonds. C'est à ce moment-là que les ennuis vont commencer.
Issu du 7ème Art, Julien Lambert poursuit sa carrière deux étages plus haut, en signant, après Edwin le voyage aux origines publié en 2014, un polar futuriste et un tantinet fantastique. À la fois au scénario et au dessin de ce premier tome intitulé L'Homme aux babioles, très inspiré, peut-être même un peu barjot, il distille une ribambelle d'idées originales, attractives et loufoques comme ces hommes-mouches pilotés par un savant excentrique ou ces grosses libellules pourchassées et utilisées à des fins scientifiques. D'autres trouvailles, moins nombreuses mais plus poétiques, à l'image de ce petit gavroche des rues accompagné de son chat Mauvais-Poil, adoucissent le rythme frénétique de l'album. L'auteur n'en oublie pas son personnage principal qui passe la plupart de son temps à rafistoler des objets abîmés auxquels il ne manque plus que la parole. Chose faite, une fois bichonnés et rangés dans ce qui lui sert de piaule, Jacques peut alors converser avec eux, lesquels le lui rendent bien en lui servant occasionnellement d'indic. Quant à l'action et à l'enquête, elles restent bien évidemment prépondérantes, alimentées par un graphisme caricatural assez clinquant pour ce qui est des acteurs, et plutôt réaliste en ce qui concerne l'architecture urbaine.
Indépendamment des fondamentaux, Villevermine parvient à s'affranchir des standards en rassemblant de manière subtile et dans un style qui lui est propre, les atouts supplémentaires pour faire d'une bande dessinée un très agréable moment d'évasion.
== Avis pour les deux premiers tomes ==
Waouh! Quelle découverte que cette histoire de Julien Lambert!
D'abord, je ne m'attendais pas à aimer, parce qu'un homme qui parle aux objets, c'est généralement un peu trop farfelu pour moi. Ça m'a tout de suite rappelé "La Révolte d'Hop-Frog" de David B. et Christophe Blain, sauf que je n'avais pas beaucoup aimé ce dernier. Mais ici, le scénario de Lambert est tellement bien construit que c'est difficile de ne pas être séduit!
Tout est complètement déjanté dans cette histoire, et il est très difficile de prévoir comment l'histoire va se développer! En passant par les hommes volants à la bande de jeunes qui détestent les adultes au savant fou qui veut créer l'insecte ultime jusqu'à la fille d'une famille mafieuse qui préférerait plutôt chanter... on dirait vraiment que c'est nul, dit de même, mais c'est tellement bien écrit! Les dialogues sont excellents sans être littéraires, l'histoire avance sans temps morts, et l'auteur sait soutenir notre intérêt du début à la fin!
J'aime aussi beaucoup le dessin, même si les scènes d'action sont parfois un peu statiques à mon goût. Sinon, mon seul bémol, c'est que l'histoire se termine un peu trop "happy end", malgré quelques scènes tragiques quand même.
Superbe découverte! J'ai hâte de lire le troisième tome!
(EDIT: Finalement, je n'aurais pas dû le lire.)
Il va falloir s'accrocher un peu dans ce polar futuriste où notre héros ne fait que de causer avec des objets courants. Cela part de la poubelle, à la radio, l'ampoule électrique ou la chaise. Bref, nous devons être dans l'acceptation et faire comme si c'était normal pour entrer en communion avec le personnage principal qui est détective de profession. Pas facile.
Cette cité est appelée ville vermine car elle est grise et dangereuse avec des personnages pour le moins inquiétants. On sera assez vite happée par l'action même si on arrive à en deviner les aboutissants. Je crois que l'accent est surtout mis sur cet univers urbain un peu spécial où les insectes grouillent.
La moralité est mise sur la personnalisation des objets du quotidien qu'il ne faut pas jeter mais réparer si possible car ils ont une âme. Ils vont d'ailleurs aider notre anti-héros dans son enquête sur la disparition d'une jeune femme destinée à une carrière de chanteuse et qui est la fille de la reine des bas-fond de la ville.
Un mot sur le dessin aux consonances moderne et urbaine qui tranche un peu avec la poésie de cette série qui peut se dégager par moment au-delà de toutes les extravagances. Le découpage est dynamique ce qui concourt à une lecture fluide notamment dans les scènes d'action et de combat.
Je ne suis généralement pas fan de ce type de lecture mais je dois dire que c'est plutôt bien construit une fois qu'on aura avaler une grosse couleuvre. A voir si toute cette singularité de l’œuvre tente d'autres lecteurs. Le prix Fauve polar à Angoulême en 2019 ce qui constitue quand même une bonne référence.
Toujours suite au confinement, BDFugue a mis a disposition la lecture de cet album. J'en ai profité pour la lire. Je l'avais déjà entre-aperçue mais ce n'est pas du tout le genre de BD que j'affectionne, particulièrement à cause du dessin. Je sais également que c'est un tort que j'ai parce qu'un de ces jours je crains de passer à côté d'un petit chef-d'oeuvre. Aussi je l'ai préjugée et laissée de côté, à tort...
A cette heure, je n'ai pas encore lu le tome 2 mais j'ai pris un énorme plaisir à lire celui-ci accompagné d'un bon album de musique (un des très bons albums de 2019 : Titanic Rising de Weyes Blood)
Malgré un dessin des plus incomplet, très sommaire, qui me rebute pour être honnête, le volume y est, la coloration est un peu monotone mais l'histoire est très originale. Quelques questions relatives au scénario restent toutefois en suspens. L'histoire étrange et surréaliste plutôt que fantastique m'a embarqué dans une lecture plaisante et agréable avec des hommes ayant la capacité de voler grâce à un trafic énorme d'insectes trouvés sur une décharge publique et une chirurgie à la "Docteur Moreau" et portant des ailes en carton, un détective privé qui a le pouvoir de parler à toute type d'objet, un enlèvement, une lutte finale, de l'action... Un album très honorable dont le déroulement ne peut être que complimenté. De plus j'avais envie d'écrire quelque chose de positif sur cette bande dessinée. Je recommande pour un très bon moment de plaisir.
Excellente découverte , le dessin m’a paru très spécial dès la couverture mais ayant vu plusieurs avis positifs je me suis lancé dans la lecture de ces 2 tomes en une soirée .
Bon rythme , supers personnages et histoire SF Cohérente
Je recommande une virée à Villevermine!
super bd de SF ! très bonne bd hors des sentiers battus, ça change des mondes d'aldebaran et autres survivants ou tout est trop lisse et cousu de fil blanc... Personnages originaux, histoire geniale et découpage très bon ! bref j'adore cette bd ! je trouve que ça se rapproche de ce que fait Mathieu bablet... à lire !
J’aime beaucoup l’ambiance fantastico-réaliste, urbaine et industrielle dans laquelle baigne cet album. Elle est posée par un dessin original parfaitement lisible, des couleurs et des cadrages très efficaces. Sous ses allures modestes, le trait de Julien Lambert est maitrisé et le design des différents personnages est bien trouvé. L’histoire est sympa et le fait que le héros dialogue avec les objets – idée quand même bizarre ! – passe curieusement très bien. Un bon 1° tome hors des sentiers battus, proprement réalisé. Magnifique couverture en prime ! Prix du polar SNCF à Angoulême. A lire.