A
lex Braith, une jeune délinquante repentie, monte à bord du Southern Cross à destination de Titan où Amber, sa sœur, est récemment décédée. Le voyage de six jours devrait en principe être de tout repos. La protagoniste découvre cependant rapidement que sa compagne de cabine enquête sur la mort de sa frangine, puis elle disparaît mystérieusement. Les étranges défectuosités du moteur gravitationnel causent par ailleurs malaises et hallucinations chez les passagers. Enfin, plusieurs membres de l’équipage semblent impliqués dans un trafic d’artefacts. Pour tout dire, la croisière s’amuse assez peu.
Il s’avère difficile de rester accroché à cette histoire signée par l’italo-américaine Becky Cloonan. Au premier abord, il s’agit d’une enquête policière dans un décor futuriste. La trame se complexifie, les motivations de plusieurs voyageurs sont troubles et il n’y a pas qu’un décès suspect. Jusque là, tout va. Malheureusement, plus la narration progresse, plus elle se montre confuse alors que s’invitent le mysticisme et le paranormal. Cela dit le point de départ n’est pas inintéressant, les Terriens ont conquis le système solaire dont ils exploitent les richesses naturelles. Les temps ont changé, les hommes et les femmes demeurent néanmoins fondamentalement les mêmes, ils polluent, sont égocentriques, cupides et malhonnêtes. Bref, comme bien souvent, la science-fiction propose une réflexion acerbe sur notre monde.
Au dessin, le Québécois Andy Bélanger fait son possible avec ce qu’on lui offre comme texte. Le travail est dynamique et généralement bien fait. Il s’affirme particulièrement créatif dans sa représentation du vaisseau, moderne sans être extravagant. Le bédéphile croit d’ailleurs sans mal que dans quelques siècles les classes laborieuses pourraient prendre place dans de tels engins pour aller là où se trouvent les emplois. Le pinailleur note bien que certaines expressions faciales sont critiquables, mais cela reste l’exception. Les illustrations suivent le même parcours que le scénario ; d’abord sobres, elles finissent par déconcerter en affichant une explosion de couleurs aux accents psychédéliques qui ont peu à voir avec celles des premiers chapitres.
Ce recueil correspond aux six premiers numéros de la série. Au terme de la lecture, de nombreuses questions sont posées. Certes, des éléments de réponse sont donnés ; la scénariste pourrait tout de même refermer certaines portes pour en revenir à un récit moins éparpillé.
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