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andaté par un agent discret du gouvernement, Texas Jack et sa troupe sont envoyés dans le Wyoming pour mettre un terme aux agissements de Gunsmoke et ses sbires. Le plan est original, profiter de l’aura légendaire de cet émule de Buffalo Bill pour éliminer en sous-main (avec l’aide de la cavalerie) un hors-la-loi sanguinaire, et néanmoins précaire. En vérité, ces cowboys d’opérette ne sont guère équipés pour faire face à la tâche qui les attend. Également sur la piste du bandit, Sykes ne va certainement pas apprécier de devoir jouer les nounous pour cette bande de pieds-tendres.
Pierre Dubois et Dimitri Armand remettent le couvert et proposent un sequel à Sykes. Un méchant particulièrement affreux – la sanglante introduction ne laisse aucun doute sur la nature du bonhomme -, un quatuor d’artistes lâché sur des terres hostiles et un héros toujours aussi taciturne forment la distribution de ce western on ne peut plus traditionnel. Les gueules sont carrées, les âmes troublées et les colts toujours prêts à être dégainés. Comme le scénariste a particulièrement travaillés ses nombreux personnages et que chacun d’entre eux a droit à son petit moment de lumière, l’action prend du temps à se décanter. Résultat, la narration est longuette et donne un faux-rythme à l’ouvrage. L’ensemble finit par ressembler à une succession de moments supposément chocs, mais guère prenants sur la longueur. C’est un fait, Dubois aime raconter, un peu trop parfois ; l’ultime scène était-elle vraiment indispensable, par exemple ?
Qui dit western, dit grand espace et nature à la fois inspirante et dangereuse. Sur ce plan, Armand rend une copie acceptable sans grande personnalité. Les ingrédients sont bien là sans que la mayonnaise ne prenne vraiment. Le découpage manque de nerf et, parfois, de clarté, tandis que les protagonistes se ressemblent et finissent par se confondre. Le dessinateur peine à se démarquer dans l’avalanche d’albums mettant en scène l’Ouest et ses mythes.
Personne ne se sentira lésé par la marchandise : saloons enfumés, duels crépusculaires, regards crispés et cavalcade à l’horizon, la liste est complète. Dommage que l’aventure n’offre guère d’accroche en dehors des poncifs déjà mille fois vus.
Que dire , j"ai adoré , je suis fan de western mais je crois que sans cela , on ne peut qu'aimer cette BD , tout est à la hauteur : le dessin avec ces sublimes double-page , le scénario qui nous tient en haleine pour une fin sublime et déroutante , A LIRE ABSOLUMENT
C'est un western tout à fait grandiose et certainement la meilleure œuvre de Pierre Dubois depuis Les Lutins à mon sens. Je suis scotché par autant de maturité et de virtuosité dans la mise en scène. L'introduction est grandiose tout comme le final.
On avait entendu parler de Texas Jack dans Sykes car il était édité sous forme de feuilleton qu'aimait bien lire le vieux shérif. On va en savoir un peu plus sur la légende et cela ne sera pas sans surprise quant à la réalité.
Il est vrai que c'est une bd qui va prendre son temps pour mener les hommes dans la bataille non sans mal. Cependant, ce cheminement est très intéressant pour faire monter la pression.
J'ai adoré le fait que tout les protagonistes sont véritablement creusés et qu'il y a une psychologie qui n'est pas que de façade. C'est vraiment bien réalisé avec une prise de risque en mêlant à cette histoire le shérif Sykes que nous connaissons bien. Le méchant Gunsmoke est parfait dans son rôle avec une profonde densité du personnage.
Quelques maladresses cependant comme tout ces personnages qui commencent leur phrase par "On dirait" ce qui est trop répétitif. L'auteur a sans doute trop entendu la chanson d'Amir sur les ondes.
Au final, une œuvre efficace et brillante. C'est certainement l'une de mes plus belles lectures de western depuis bien longtemps.
Je rejoins le concert de louanges vis à vis de cette oeuvre: Un scénario palpitant et plein de surprises, des personnages bien écrits avec de vrais trognes, des fusillades (dont la dernière complètement ahurissante), des dialogues ciselés, les ambiances du Wyoming et de l'Ouest bien rendues, des couleurs et dessins magnifiques...
Inutile d'en dire plus: jettez-vous dessus si ce n'est pas déjà fait !
Un super scénario sur fond de trame historique.
Le contrepied "des barbelés sur la prairie". Au Wyoming, encore largement inexploité si ce n'est par des grands propriétaires et de petits fermiers, des bandes à la solde des grands propriétaires massacrent et sèment la terreur pour exproprier les faibles. Cet épisode a eu lieu dans cet État lors de la conquête de l'ouest.
Texas Jack "légende feuilletonesque" est propulsé sur le terrain pour combattre ces mercenaires... il rencontre Sykes le marshall taiseux qui permettra la réussite de l'opération.
Le scénario est original, les personnages ont réellement tous une profondeur d'âme qui leur donne une réelle épaisseur. L'histoire est malgré le synopsis simple pleine de rebondissements. Le dessin est efficace ainsi que la mise en page. Les paysages, l'ambiance sauvage sont parfaitement rendus.
Toute proportion gardée, on sent un peu du Mickael Cimino dans cette BD.
A noter aussi que Sykes, autre BD des deux auteurs dans cette série est aussi très bien.
Brillant ! Tant par la qualité du dessin et des couleurs que par le scénario aux dialogues bien denses, savoureux, dans le ton ...
le genre Western est peu exploité en BD alors qu'il y a là une ressource immense...Heureusement il y a les COMMANCHES, BUDDY LONGWAY, BLUEBERRY et TEX (notamment l'excellent "4 tueurs" de Joe Kubbert) pour ne citer que les plus nombreux et les plus attractifs....
Un bien joli ouvrage.
La trame en est assez linéaire et logique – encore que venir chercher un « héros de pacotille » pour sauver un état est une base assez amusante.
Mais surtout, ce qui est plaisant, c’est l’histoire sait prendre son temps. On ne chemine pas pendant trois jours en deux pages. Les situations sont toutes développées de façon plus que satisfaisante pour nous laisser nous immerger totalement dans cette épopée.
Le scénario n’hésite devant rien – et si les deux scènes d’ouverture sont les plus extrêmes, c’est parce qu’elles le méritaient plus. Le reste, là encore, suit joliment la logique.
Les personnages m’ont semblé suffisamment fouillé pour être crédible même si chacun n’a globalement qu’un caractère majeur.
Les dialogues sont bien développés et ne manque pas d’humour.
Enfin, le dessin est efficace, soigné, et on a régulièrement droit à de jolis paysages ou décors, avec des personnages aisément reconnaissables.
Bref, une belle fresque de l’ouest sauvage.
Ce n'est pas d'une très grande originalité, mais c'est du efficacité indéniable. On rentre en immersion totale dans ce western de la première à la dernière page. Ce livre est dévoré avec grand plaisir. Les personnages sont bien construits, les décors magnifiques et les scènes de baston d'un réalisme glacial.
On en redemande...
Texas Jack est un album prequel au Sykes du même duo sorti en 2015. Beaucoup plus gros que son prédécesseur, il jouit d'une illustration de couverture tout aussi réussie. Pas de bonus pour l'édition classique, seulement une courte bio des auteurs en fin d'ouvrage, comme dans tout album Signé. L'édition n&b comporte un cahier graphique.
L'Ouest s'est construit sur l'aventure, mais aussi sur l'alliance de bandits et de capitalistes désireux de s'accaparer pouvoir et territoires à moindres frais. Ainsi a été lâchée la bande de Gunsmoke, terrifiants assassins, horde sauvage incontrôlable ravageant les terres des pionniers. Pour arrêter son chien, le gouvernement a besoin d'un héros, Texas Jack, plus connu pour ses aventures de feuilletons que pour le combat de sang. L'acteur de cirque va pourtant se retrouver au cœur de l'action, où il rencontrera un Marshall lui aussi lancé aux trousses de Gunsmoke...
Je n'aime pas Blueberry... je suis plus Sergio Leone et Peckinpah qu'Hawks, plus western crépusculaire ou spaghetti que classique. Du coup j'ai toujours eu un peu de mal avec le western en BD. Sans doute un effet générationnel et la technique des couleurs de l'époque qui ne permettaient pas de profiter des encrage comme il aurait fallu. Je me souviens du très beau one-shot de Guerineau, Après la nuit paru discrètement il y a quelques années, ou plus loin le diptyque mythique 500 fusils/Adios Palomita mais globalement les séries western ne m'ont jamais vraiment inspiré. En 2015 pourtant deux albums fort remarqués paraissent. Sykes à pâti de la concurrence avec l'Undertaker de Meyer et Dorison. Pourtant Dimitri Armand est de la même école que Meyer, avec peut être moins de proximités avec le maître Giraud mais des encrages tout aussi puissants.
Je me dois de rectifier tout de suite une erreur probable: non, Texas Jack n'est pas l'album des débuts du Marshal Sykes. Il s'agit bien d'un projet distinct et c'est ce qui fait toute sa force (et vaguement inspiré d'un personnage historique). Ce n'est ni le succès de leur précédente collaboration ni l'appât du gain qui les ont poussé vers ce qui aurait pu être une démarche commerciale. En fait cet album vient d'une envie de refaire un western, grand format, en prenant le temps de montrer les grands espaces, les chevauchées interminables, la nature et les relations humaines de cet alliage improbable d'artistes et de gunmen. L'existence de Sykes leur permet d'introduire quelques personnages connus mais ils ne sont aucunement au cœur de l'intrigue et restent même plutôt périphériques. Une sorte de coloration permettant de bâtir un univers étendu.
Cela permet en outre d'alléger une intrigue longue de 120 pages, un travail de forçat pour Dimitri Armand dont le trait s'affine depuis la première aventure du Marshal et dont les détails d'arrière-plans et la mise en couleur me font préférer sans hésitation la version classique au collector N&B. Du statut de jeune auteur prometteur il intègre aujourd'hui le groupe de tête des héritiers de Vatine et Lauffray, de ces dessinateurs visuels et encrés. Je le dis avec d'autant plus de plaisir que son incursion chez Bob Morane m'avait déçu, y compris graphiquement. Sa partition est absolument parfaite, et l'on passe un moment magnifique que l'on ne voudrait pas voir terminer dans ces décores du grand Ouest, dans ces nuits d'orage où la maîtrise d'Armand donne toute sa force, dans ses visages bien sur qu'il semble pouvoir manipuler à sa guise. Son trait a une élégance folle, ses teintes sont extrêmement agréables et le dessinateur se laisse parfois (sagement) aller à quelques outrances visuelles que l'on adore mais qui doivent rester discrètes et au service de l'action.
De l'action il y en a finalement peu dans Texas Jack qui reste plus une buddy story très intelligemment scénarisée et moins sombre et violent que Sykes. Démarrant dans le bruit et la fureur d'un méchant terriblement charismatique et abominable, l'on se surprend à attendre tout l'album la ou les confrontation(s)... De la même manière que Sykes est discret, Gunsmoke est absent pour que l'attention se concentre sur ce bellâtre de Texas Jack et ses amis pas si branquignoles qu'il n'y paraît. Le groupe apporte tantôt sensualité, tantôt humour et complicité en vivant sur les planches de l'album. Le lecteur est tenu en haleine de promesses qui tardent à venir, surpris tout le long d'avoir ce qu'il n'attend pas. Du coup la conclusion est un poil rapide et décevante mais se prolonge heureusement sur une sorte d'épilogue qui, encore une fois confirme où se situe le cœur de ce récit, celui du héros éponyme au cœur brisé.
Texas Jack c'est finalement plus du Howard Hawks que du Spaghetti. Et j'ai adoré cette itinérance en cinémascope, aux personnages aussi réussis graphiquement que dans leur écriture, où tout semble limpide et cohérent. La barre graphique était très haute et Pierre Dubois parvient à hisser son texte aussi loin. Vraiment merci pour ce moment de western et revenez quand vous voulez!
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2018/11/28/texas-jack
On l'attendait depuis longtemps, la voilà enfin : la suite de Sykes, ou plutôt son prequel puisque l'histoire se déroule avant.
Je ne suis pas du tout d'accord avec la chronique de A. Perroud.
Pour moi, Texas Jack est l'un des meilleurs westerns qui m'est été donné de lire.
Cet album a su corriger toutes les erreurs et les points négatifs, présents dans le déjà très bon Sykes.
Il en sort un ouvrage de 120 pages au scénario complètement maitrisé. Action, fusillade, humour, suspens, spectacle, amour, rebondissements... bref tout est savamment dosé. On peut souligner la présence d'un vrai et dur méchant, aussi démonique que dangereux, qui donne encore plus d’intensité à l’histoire (principal point négatif de Sykes). J'ai d'ailleurs adoré toute la scène finale, qui se déroule à Eagle Town et qui est brillamment réalisée. Elle est complètement inédite. C’est même l'ensemble du récit qui est surprenant et innovant.
Tous les protagonistes sont facilement identifiables, et ont tous une identité et un caractère bien propre à eux. C'est un régal de les voir évoluer tous ensemble.
Coté dessin et couleurs, le travail est là aussi remarquable. Les expressions de visages sont très détaillées, les décors sont magnifiques, les ambiances enivrantes et les différents jeux de couleurs sublimes (notamment les scènes de nuits que je trouve splendides).
Bref, que d'éloges pour ce magistral Texas Jack. On espère encore bien d’autres aventures de notre Marshall.
Quel plaisir de retrouver Sykes. Des vrais méchants, des à moitié gentils, des pieds tendres bref la diversité humaine. Un scénario original, avec son lot de scènes classiques de l'ouest, sublimé par un graphisme super.
Un seul, petit reproche, on aurait pu se passer de la scène finale qui, pour moi, n'apporte rien
Très bel ouvrage de 120 planches.
Les nombreux personnages, avec leurs singularités, offrent de l'épaisseur au récit.
Un excellent western qui garde les classiques du genre, tout en ayant sa touche d'originalité.
Excellent western !! Outre ses qualités graphiques, il a l’originalité de mettre en scène un héros atypique et décalé : "Texas Jack" n'est en fait qu'un cowboy d’opérette, une attraction de cirque, viril et portant beau certes, mais... uniquement sur les affiches de son spectacle ! En se retrouvant au milieu des plaines du Wyoming sur les traces d’un pillard sanguinaire, il atteindra très vite ses limites.
Malgré son adresse au colt, son orgueil et sa lâcheté et sa peur et sa faiblesse se révèleront et l’exposeront, lui et sa troupe, aux dures réalités de l’ouest sauvage. Secourus in extremis en chemin par le marshal Sykes et ses hommes, ils vont tous tutoyer l’enfer !
Un scenario très abouti, servi par d’excellents dialogues et personnages secondaires. Je vais me précipiter sur "Sykes" pour poursuivre l’aventure !
j'aime beaucoup les westerns et celui là restera dans les grands albums.
je le relirai avec plaisir comme je le fais pour les Durango et consorts.
le scénario tient vraiment bien la route avec une bonne dose d'adrénaline.
seul petit reproche, les dessins ne sont pas tous parfaitement fouillés à mon gout.
mais bon, je chipote.
à noter que la version N/B est splendide.
je me suis précipité pour acheter la suite qui est en fait le 1er.
Texas Jack étant un préquel.
Ici, il faut souligner l’originalité du scénario ce qui n’est pas évident avec un western. Le graphisme est toujours d’une très grande qualité et on prend un réel plaisir à tourner les pages pour connaître la suite. Néanmoins, j’ai une nette préférence pour Sykes « l’épisode » précédent. Pourtant tous les ingrédients sont réunis, des personnages très hétéroclites aux réactions inattendues, une poursuite, la peur, un piège, la jalousie et une fin à la Roméo et Juliette où les amoureux se retrouvent dans la mort.
Encore une merveille de western après l'excellent Sykes.
Dubois & Armand chevauchent à nouveau les grands espaces de l'ouest et ses pistes sauvages pour fournir un préquel au sombre marshal. Le scénario et l'intrigue sont palpitants, les personnages charismatiques et le dessin ténébreux d'Armand nous transportent dans ces contrées oubliés avec délectation.
L'aventure avec un grand A, un nouveau western à ne pas rater !
Après le formidable et très sombre "Sykes", voici son préquel/spin off.
Toujours aussi beau graphiquement (la version couleur est pour le coup plus réussi que le tirage de tête en noir et blanc), cette histoire dramatique de plus de 120 pages est dans la lignée du premier opus : très sombre, avec son lot de bravoure et de scènes épiques.
Un très bon moment de lecture centré sur un personnage central dépassé par les événements, héros malgré lui.
Texas Jack, tout comme "Sykes", est une BD à classer parmi les meilleurs western dessinés.