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e l’après-guerre aux années soixante, les empires coloniaux disparaissent tour-à-tour alors que les peuples prennent le droit de disposer d’eux-mêmes. En Afrique de l’Ouest, les anciennes possessions françaises se transforment en une mosaïque d’États souverains. La démocratie et les droits de l’homme deviennent enfin universels, pas pour longtemps. Dans les faits, la France continue de veiller de très près à ses intérêts ; en ces temps de guerre froide, les ressources énergétiques du continent noir s’avèrent particulièrement stratégiques. Un système basé sur la corruption généralisée se met alors en place : la Françafrique. Le stratagème est simple, mais terrifiant. Des dictateurs s’assurent de l’appui inconditionnel de l'Élysée en échange d’argent (tous les partis politiques sans exception financent ainsi leur campagne électorale) et d’accès privilégiés aux entreprises de l'Hexagone. Les valises pleines de liquide commencent à circuler depuis lors ; c’est toujours le cas aujourd’hui.
Évidemment, officiellement tout ceci n’existe pas. Officieusement, tout le monde détourne le regard face aux excès de certains dirigeants. La raison d’État, ça sert aussi à ça. Pourtant, en 2010, après quatre années de guérilla juridique (et énormément de pression et de menace), les ONG Transparency International et CCFD-Terre Solidaire réussissent à ébranler cette machine si bien huilée à coups de millions. Sa plainte pour corruption et recel en France contre des officiels africains est acceptée et un procès en découlera.
L’argent fou de la Françafrique retrace, de ses origines à nos jours, ce long et intolérable scandale que des générations de notables – ici et là-bas - ont entretenu avec avidité et cynisme. Complexe, rempli de détails tous plus incroyables les uns des autres, truffé de rappels géopolitiques et d’explications sur les mécanismes financiers traversant la planète, l’album se montre plus que touffu. Impeccable et glaçant, l’exposé de Xavier Harel demande beaucoup d’attention pour ne pas se perdre dans cette avalanche de noms et de dynasties régnantes. Heureusement, la mise en images de Julien Solé est à la hauteur. Ce dernier se montre aussi à l’aise avec les requins de la finance qu’avec ceux qui nagent dans les océans ! Résultat, bien que très dense, l’ouvrage reste abordable et compréhensible. Vu la complexité du dossier, ce n’était pas partie gagnée.
BD-documentaire classique dans sa forme, L’argent fou de la Françafrique décrypte avec précision une des plus grandes captations illégales de richesse de l’Histoire. Lecture indispensable pour tous ceux qui veulent comprendre le dessous des cartes et des choses.
Absolument aucun intérêt !
Sur le fond : tous les faits décrits sont archi connus depuis des années et des tas de bouquins existent sur le sujet ! On n'apprend absolument rien à la lecture.
Quand à la mise en BD, il faudra m'expliquer ce qu'elle apporte. C'est décousu, pénible à lire et pas du tout scénarisé.
La on atteint vraiment la limite de ce genre d'exercice ...
Pour finir le dessin, ou plutôt le gribouillage de salle de classe ne mérite même pas que l'on s'attarde.
Et au passage une petite remarque satirique : pour une BD qui dénonce l'argent fou, je trouve la finition bien luxueuse : couverture soft touch et bien épaisses : ce n'est pas un peu contradictoire avec le sujet ?
Et hop direction Rakuten !!!!
Je me doutais que cela existait mais je n'aurais jamais crû que la cupidité de ces dirigeants africains était à ce point et dans de telles proportions indécentes. Il est clair que beaucoup de monde savait entre les banques, les compagnies pétrolières notamment Elf ou encore les services secrets ou même les journalistes mais le commun des mortels l'ignorait encore.
L'affaire des biens mal acquis nous est totalement décortiquée par des auteurs qui se basent sur des faits précis. On peut encore être satisfait que dans notre démocratie en France, la justice soit totalement indépendante au point d'aller à l'encontre du gouvernement pour l'ouverture d'une enquête à ce sujet. Cependant, ce n'était pas partie gagnée pour les plaignants tant il y a eu des embûches et des intimidations sans compter le silence de la République.
C'est tout simplement scandaleux que ces familles de dictateurs accaparent tant de richesse alors que le peuple meurt de faim et vit dans une pauvreté absolue. Ces pays sont réellement riches mais cette richesse est détournée presque totalement par le pouvoir en place. Ce sont des appartements et des voitures luxueux dans les meilleurs quartiers parisiens ou encore l'achat d'une villa de 35 millions de dollars à Malibu Beach. L'argent ne profite même pas à l'Afrique. Par exemple, la famille Bongo possède 39 appartements ou hôtels particuliers dont 17 au nom du président Omar Bongo. Un de ces hôtels coûte 19 millions d'euros. Comment est-ce possible avec un petit salaire de président de 15000€ par mois ? C'est ce type de réflexions compilées que nous analysons au travers cette bd bien construite.
Il est clair que pétrole et démocratie n'ont jamais fait bon ménage. Bien entendu, ces pays organisent des scrutins où leur soi-disant président est réélu avec 95% des voix. Toute forme d'opposition est réprimée très sévèrement. La démocratie est brûlée au pétrole. Chaque année, des dizaines de milliards de dollars quittent illicitement le contient africain vers des paradis fiscaux. Cette manne pétrolière est la clé de la longévité de ces régimes.
On apprend que le Gabon s'est vu décerné le titre de plus grand importateur de champagne par habitant au monde avec une bouteille pour trois habitants. Il est vrai qu'après un demi-siècle d'exploitation pétrolière, ce pays ne dispose que de 800 kilomètres de routes bitumées. Sur le papier, les habitants sont les plus riches du continent avec un PIB par tête de 17000 dollars par an. On se rend compte de l'or noir peut être une véritable malédiction. C'est ce qu'on appelle le paradoxe de l'abondance.
J'ai admiré le travail réalisé par Jean Merckaert qui a fait de la lutte contre les biens mal acquis un combat afin de changer la donne. Un jour et c'est l'espoir, le peuple viendra réclamer des comptes à ces dirigeants corrompus qui se permettent de redorer leur blason en créant des prix à l'UNESCO. Sont visés les pays de la Françafrique à savoir le Gabon, la Guinée Equatoriale, le Congo Brazaville, le Cameroun... Pour leur défense, ils accusent la France de racisme et de néocolonialisme. Les dirigeants politiques français ont bien entendu une grande part de responsabilité dans ce processus comme cela sera démontré par les auteurs.
J'ai trouvé cette enquête sur les avoirs détournés très instructive. Les résultats de celle-ci sont d'ailleurs assez spectaculaires. Les principaux mécanismes sont bien expliqués. C'est également servi par un dessin plutôt efficace et agréable à la lecture. C'est une excellente idée d'avoir relaté tout ces faits en bande dessinée. Bien entendu, c'est à lire pour découvrir un autre aspect de l'Afrique loin de la carte postale imaginée.