C
e soir-là, à la prison de Grossmoch, à Trogrovo, la capitale de la Téavachie, petit état de l’ancien bloc soviétique, le gardien de nuit fait sa dernière ronde. Mais quelle n’est pas sa surprise de constater que le dénommé Boris Dolovine vient de s’évader, comme en témoigne sa cellule vide. L’alerte est donnée et une poursuite s’engage mais le forçat parvient à s’enfuir à bord d’un avion de tourisme, qui à la surprise générale, explose en plein vol. Quelques temps plus tard, Simon Nian avocat émérite et passionné de bande dessinée, se voit confier une enquête sur le détenu soi-disant décédé, qui n’est autre que « Bédé », le célèbre auteur des aventures de Bibou.
Pour un éventuel nostalgique de la ligne claire des années 60, cet album est plus que séduisant. Le dessin très classique de la couverture attire irrésistiblement, les couleurs et les décors sont alléchants, y compris par l’annonce du prochain tome sur le 4ème de couverture, et jusqu’au nom de la collection très old-fashionned (Paris-Bruxelles). Le personnage de l’enquêteur rappelle immanquablement un certain Gil Jourdan. Tout semble parfait et prometteur puisque la série a l’aval de la fille de Tillieux qui en préface ce premier tome.
Cependant même si ça en a la couleur et l’odeur, cela n’en a pas la saveur. Et l’influence affichée qui atteint ici des dimensions impressionnantes, va certainement faire souffrir ce premier essai d’une comparaison impitoyable. Autant le dire clairement, cet album est plaisant mais ce n’est pas du Tillieux. Le scénario apparaît brouillon et n’est souvent qu’une suite d’actes manquant de cohésion. De même les gags, parfois à la limite de la vulgarité, sont souvent navrants. Pourtant la critique acerbe du monde de la BD, thème décidément à la mode en ce moment, est bien vue et fait parfois sourire. On se prend d’ailleurs au jeu de rechercher ici une référence à tel éditeur, là une caricature d’un auteur.
Le dessin de Yves Rodier, par contre, est à la hauteur des espérances que l’on pourrait formuler. Simon Nian a une bonne tête, qui n’est pas sans rappeler les héros de Tillieux, voire un Théodore Poussin, et les attitudes des personnages sont bien plus comiques que les blagues qu’on leur fait jouer. Les décors bien adaptés et la représentation des véhicules sont un bon compromis entre le classicisme recherché et les références actuelles.
Dommage que les auteurs se soient contentés de faire une pâle copie, plutôt que d’adapter la série à notre époque, tout en gardant un dessin classique réussi. En définitive un album pas franchement convaincant mais qui pourrait être prometteur si la suite annoncée, les démons de Pertransac, relève le défi d’un scénario plus attractif.
Les aventures de cet avocat qui fait penser à un Maître Vergès mais en plus jeune ne sont pas du tout désagréables à la première lecture. Il y a de bons jeux de mots (ex: Les Editions Traknar) et une satyre du monde de la bande dessinée avec en filagramme certainement un règlement de compte des auteurs en bonne et due forme dont les enjeux nous échappent totalement.
On reconnait en effet dans le premier tome la main mise d'un parti communiste sur une bande dessinée à savoir Pif Gadget et sur l'utilisation à des fins politiques de ce personnage emblématique d'une génération aujourd'hui disparu.
J'ai également été touché par l'hommage rendu au premier tome à Maurice Tillieux par son épouse.
Cependant, je ne suis guère amateur de ces histoires avec toujours cette ligne claire signé il est vrai du disciple d'Hergé : on ne peut pas mieux faire !
J'avoue que ces enquêtes sont un peu confuses et pas très rythmées avec trop de causticité. On sent cependant une certaine qualité que d'autres lecteurs pourront apprécier, mon humble avis étant purement subjectif.
On m'avait vanté un digne héritage de Gil Jourdan. j'avais hâte de découvrir. Si le dessin de Rodier est effectivement superbe et digne de Tillieux, les scénarios sont assez quelconques pour ne pas dire mauvais. Dommage
Rodier est un pasticheur hors pair (on lui doit des "faux" Tintin aussi vrais que les vrais) Il nous fait ici du Tillieux : chic !
Sauf que ce n'est pas du Gil Jourdan : ah ?
et que le scénariste ne s'est pas foulé : oh !
Un album relativement moyen que voilà. Le dessin est très bon et dynamique mais c'est plutôt au niveau du scénario que celà coince. En effet bien que l'univers dans lequel se déroule l'intrigue est intéressant (celui de la BD pour ne pas le citer) est bien trouvé et bien utilisé (le scénariste n'est d'ailleur pas très tendre avec les divers membres de la profession mais dans certains cas il tombe très juste) l'intrigue n'en demeure moins décousue et prévisible. C'est vraiment domage ça aurait pu être excellent.
Decevant
La couverture paraissait alléchante et effectivement pour le dessin d'Yves Rodier ( un jeune dessinateur prometteur ) c'est assez reussi. Ca ressemble à du Tillieux ( l' album est préfacé par ça fille )même si c' est moins lisible ( normal Tillieux est imbattable). Mais pour les textes Corteggiani nous avait abitué a bien mieux. Une enquête confuse, des dialogues non rythmés et un dénouement qui ne surprend pas. Bref, une BD très moyenne au niveau du scénario. En ésperant que le tome 2 annocé sur la 4ème de couverture " Les démons de Pertranssac " sera plus rythmé et moins confu...