A
près Archie et avant Jughead, c'est au tour de Veronica et Betty d'avoir les honneurs d'un spin-off des Chroniques de Riverdale et revenir sur le devant de la scène. Et entre les deux « meilleures ennemies », le torchon brûle...
Adam Hughes, seul aux commandes de cette nouvelle série, s'amuse à opposer les amies d'Archie. Le triangle amoureux instauré avec le reboot de l'univers laisse la place à un affrontement presque idéologique entre les deux adolescentes. Partant d'un désaccord au sujet de la défense du diner de Pop, l'un de leurs lieux de ralliement, l'auteur met en branle une guerre épique. En trois chapitres comme autant d'actes parfaitement identifiés - mise en place, escalade et dénouement -, il s'évertue à faire monter la tension entre la blonde altruiste d'origine modeste et la brune matérialiste fille d'un riche papa. Toutes leurs différences sont utilisées pour accentuer leur désaccord et obliger leur entourage à prendre parti.
Dans un style graphique réaliste moderne, sans fioritures ni maladresse majeure, l'artiste peint la bande de copains de manière crédible. La colorisation pastel de José Villarubia habille les décors de la petite bourgade et donne une ambiance passée originale mais dans l'esprit de cette comédie adolescente. Le ton est souvent décalé, les situations très américaines (les collectes ou le bal) et l'intrigue rythmée et assez drôle, par les dialogues autant que par la nature du narrateur. Cet angle possède les défauts de ses avantages, il reste léger, pas tout de suite passionnant et laisse un sentiment de trop peu, même si l'épilogue rattrape quelque peu l'affaire.
Betty & Veronica n'en reste pas moins plaisant et ravira sans nul doute les fans de la série TV. Pour les autres, les soixante-six planches, même agrémentées d'un épisode bonus et des couvertures VO, risquent de paraître bien minces pour créer la pleine adhésion et déclencher l'attente du tome suivant.
Lire la chronique de Riverdale présente Archie T1.
La bourgade de Riverdale. Son art de vivre entre le mythique café Pop’s et la cagoule noire. Une ville calme en apparence mais qui cache une face assez sombre. Archie et Jughead mais également la riche et sublime Véronica Lodge face à la blonde Betty Cooper.
On va s’intéresser à ces deux dernières qui sont généralement bonnes amies malgré des caractères différents. Il va y avoir une rivalité un peu exagérée sur fond de fermeture chez Pop’s.
Les fans de la série vont s’y retrouver mais pas les autres tant le synopsis pourra apparaître comme ridicule. Je regarde bien entendu cette série phénomène mais tout en prenant les distances face aux incohérences du scénario qui est souvent d’une niaiserie sans fond (n’ayant rien à envier aux mangas). Il faut s’intéresser également à la fameuse vie lycéenne américaine…
Malheureusement, ce récit de crêpage de chignons entre deux adolescentes n’échappe pas à la règle. Cela reste toutefois assez divertissant avec un graphisme qui reste réaliste.
En bonus, on aura droit à un épisode surprise consacré cette fois à Jughead. Mais bon, cela ne sera guère suffisant pour faire passer la pilule.
L'album présente une introduction détaillant vaguement l'univers de Betty & Veronica et se termine par de très nombreuses couvertures alternatives de Hughes et d'autres auteurs. L'album comprend un épisode bonus Jughead, réalisé par une autre équipe et assez moyen.
Betty la blonde et Veronica la brune sont les meilleures amies du monde, lycéennes dans la petite bourgade de l'Amérique idéale qu'est Riverdale: ses milk-shake au dinner chez Pop, ses blousons Teddy aux couleurs de la High school et ses rangées de maisons Middle-class. Dans cette image d’Épinal en mode Coca-Cola, lorsqu'une multinationale du café s'apprête à racheter chez Pop's, Betty voit rouge, refusant de voir cette incarnation d'un passé doré disparaître. Elle va tout tenter pour sauver Pop, au risque de retrouver sur sa route sa meilleure amie, la redoutable et machiavélique Veronica...
Glénat nous permet de découvrir un éditeur, Archie comics, qui a récemment donné naissance à une série TV nommée Riverdale. Archie est un vieil éditeur très américain qui publiait des BD pour jeunes ou les aventures de Betty et Veronica, deux filles incarnant l'American way of life. Un peu la série Happy days en BD sous le coup du comic code authority... Rien de très affriolant pour un lecteur européen!
Comme d'autres projets improbables, l'éditeur publie pourtant l'une des très très rares BD de l'illustrateur star Adam Hughes sur les couvertures duquel vous avez pu fréquemment baver en lisant des comics chez tous les éditeurs. Comme Travis Charest dont j'ai parlé il y a quelques jours, le rythme et les exigences de l'industrie du comic ne lui conviennent pas et l'album Riverdale présente: Betty & Veronica est l'une des rares occasions que vous aurez de le voir à l’œuvre sur une BD entière (avec le Hellboy Krampusnacht) que Delcourt publiera probablement dans un recueil Hellboy à venir).
Ce petit historique terminé, qu'est-ce qu'on a a se mettre sous la dent? Et bien ni plus ni moins qu'une sitcom à la Friends transposée en BD! Si ça ne vous allèche pas, je peux vous rappeler que c'est dessiné par Adam Hughes... Et si ces dessins ne vous suffisent toujours pas je peux vous dire qu'outre être l'un des meilleurs dessinateurs de comics américain, il dispose d'un vrai talent humoristique et arrive ici à adapter en BD les principes du strip à la Calvin&Hobbes; ou Liberty Meadows (là on penche vers Frank Cho): des personnages qui s'adressent au lecteur, des ruptures temporelles et des jeux des personnages avec la page et l'édition. Les jeunes filles plastiquement parfaites dissertent tantôt sur des dialogues mièvres louant la simplicité du Riverdale d'avant avec force références aux vieux comic-books de papa et maman, tantôt s'envoient des vannes et des mandales capables de rompre les lois de la physique! On navigue donc entre du Looney-toons et du strip, entre les réflexions philosophico imaginaires d'un Calvin et la sitcom pour ado Riverdale. Comme souvent dans les réappropriations, Hughes se moque allègrement du matériau d'origine. L'album s'insère pourtant dans une série dans l'univers de Riverdale.
Cet album a été pour moi une découverte totale, d'un dessinateur, d'un auteur, de personnages et j'avoue m'être bien marré de ce côté un peu désuet et second degré très assumé, avec un petit coup de cœur pour Hot dog, le chien narrateur et son pote le chat. Je signalerais juste une étrange idée du coloriste à poser une sorte de filtre estompé, vieilli, une sorte de voile sur les planches qui abîment beaucoup de la qualité du dessin et de l'habillage. C'est vraiment dommage et finalement vu le résultat l'album aurait aussi bien pu être laissé brut en renforçant le côté strip.
Je ne sais si je suis passé à côté de certaines références mais le côté n'importe quoi m'a beaucoup plu. Une lecture vraiment rafraîchissante, assez courte et linéaire qui vous évitera de vous prendre la tête. Et puis encore une fois, lorsque des auteurs si rares parviennent à un ouvrage abouti, pourquoi se priver?
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2018/10/22/betty-veronica