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andis que Moïse se cache et noie son désarroi dans les rues de New-York, Charles est blessé, par une vieille connaissance, pendant la bataille d'Antietam. Mais le destin n'en a pas terminé avec ces deux là. Désireux de retourner à WhitePlain, chacun avec ses motivations, ils retrouveront là-bas Pete, Joséphine et Sally pour enfin mettre un terme à leur rivalité.
Moins de dix-huit mois après Liens de haine, le duo Chevais-Deighton/Giner-Belmonte livre Rédemptions, la seconde partie de leur diptyque.
Le contexte historique habilement rappelé, via la correspondance entre Charles et son épouse, les scénaristes situent l'action en 1862, en pleine guerre de Sécession. Ils dévoilent rapidement ce que le premier tome avait laissé en suspens, à savoir l'origine des liens entre Moïse, l'esclave mutilé et en fuite, et Sally la veuve d'Henri Berthier, maître de WhitePlain. Cette révélation entretient et accroît même la haine que les deux protagonistes principaux se vouent. Se servant de ce fil rouge et de la course qui se lance alors entre ceux-là pour revenir sur leurs terres, les auteurs brossent un tableau complet de la situation, évoquant les exactions des Blancs comme celles des Noirs, la dureté des soldats et la violence des batailles aussi bien que l'injustice, le climat de peur et la chaos qui règnent dans les états en proie au conflit. Des personnages complexes et torturés dans une lutte et une histoire qui ne le sont pas moins. Si l’intention est louable et, dans l'ensemble, bien menée, le découpage (avec, par exemple, changement de lieu ou d'époque au milieu d'une planche), s'avère parfois hasardeux tant les transitions sont par moments brutales. La lisibilité pâtit aussi d'une trop grande ressemblance entre certains protagonistes. La faute à un excès dans l'utilisation des ombrages. Il faudra être attentif pour ne rien rater de l'intrigue même si sa densité diminue à mesure que sa conclusion pointe. Cet écueil est d'ailleurs à mettre en perspective avec la genèse du projet. Développé au départ pour tenir en trois albums de quarante-six planches, le passage au deux fois cinquante-quatre nuit visiblement à l'ampleur du sujet proposé.
De la même manière, la prestation d'Antoine Giner-Belmonte est ambitieuse. Son travail sur l'encrage et la générosité dont il fait preuve à chaque case sont impressionnants. Surtout en considérant qu'il s'agit là de son second album seul au dessin. Des décors fouillés que ce soit des bâtiments ou de la végétation, des paysages variés et copieux, l'artiste assume son trait réaliste et suit la voie de ses illustres modèles (Rossi, Giraud). Grâce aux belles nuances de couleurs de son complice, Sébastien Bouët, les ambiances sont bien rendues, de la moiteur de la Louisiane, à la furie de la guerre en passant par les scènes à haute tension et, notamment, celle du dénouement.
Rédemptions conclut avec panache un récit nerveux et sanglant. Et même s'il est à déplorer le manque de place qui aurait sied à l'envie et au propos des auteurs, il ne faut pas bouder son plaisir et rater l'éclosion d'un dessinateur au potentiel évident
New York. Février 1862.
Moïse, qui a perdu un bras, cherche en vain du travail. C’est dans ces circonstances que surgit un bien étrange pasteur noir qui cite des passages de l’Ancien Testament à tout bout de champ. L’homme est bien décidé à constituer une troupe de « soldats » noirs dont il s’affuble du titre et de l’uniforme de général…
Pendant ce temps, Charles Berthier se bat courageusement avec ses zouaves contre les troupes nordistes. En face de lui, celui qui est devenu un ennemi farouche depuis West Point, Custer, lorsque ce « gentleman » avait tenté de violer la sœur de Charles. La situation est nettement en faveur de Custer…
La plantation est gérée par Joséphine, la sœur de Charles, qui s’appuie sur Pete qui a échappé à l’enrôlement justement pour jouer le rôle de contre-maître à White Plain. Mais Pete attend beaucoup plus de Joséphine…
Critique :
Dans cet album-ci, l’auteur apporte des réponses aux questions posées dans le premier tome, donnant de la consistance à l’histoire même si elle reste plutôt invraisemblable. Si l’on fait fi de cet aspect, le récit se déroule comme un film avec ses innombrables soubresauts. La qualité du dessin d’Antoine Giner-Belmonte s’est sensiblement améliorée.
Un scénario passionnant vient conclure ce diptyque où les coups de théâtre s’enchaînent. Quelle est dure la réalité quand on se croit supérieur et que l’on se retrouve au niveau de ceux que l’on a méprisé. Grande leçon d’humilité sur fond de guerre de sécession avec de très bons dessins de Giner-Belmonte.