L
a réalité semble basculer en ce 1er juillet 1913, sur la Gendarmenmarkt de Berlin. Une immense machine arachnoïde sème la terreur dans la population, pendant qu’une supercherie hallucinatoire entraîne les forces de l’ordre dans des visions cauchemardesques. Au milieu du tumulte, Arsène Lupin, flanqué de Grognard, traîne derrière lui le commissaire Ganimard et l’inénarrable Dugommier, ainsi que Froebe, le grand flic local. À l’origine de cette démonstration de force se trouve Lao Feil, un anarchiste apprenti sorcier, aux rêves illimités de conquêtes, semblant sorti tout droit d’Orange mécanique de Stanley Kubrick.
Mike Crocbart (scénario et couleurs) et Galien (dessin) poursuivent et achèvent l’aventure échevelée commencée avec L’Illusion de la Panthère Noire ! Sont à nouveau présents individus pittoresques et machineries steampunk, le tout issu d’un métissage entre l’œuvre de Maurice Leblanc et l’imaginaire narratif et graphique qui s’est cristallisé sur la période 1880-1920. De freaks en cabinets de curiosités, de science destructrice en idéaux vaguement humanistes, de zeppelins en bathyscaphes et de vols en affrontements, ce second volume continue l’histoire à un rythme effréné.
L’allure est d’ailleurs parfois trop rapide. Des respirations, des explicitations et des pauses auraient été nécessaires pour asseoir un rythme de lecture et favoriser l’immersion. Quelques scènes auraient mérité qu’on s’y attardât davantage ; les personnages principaux réclament plus d’épaisseur. L’album, comme son prédécesseur, souffre parfois d’excès d’implicite, d’une compression abusive d’informations et d’instants survolés. Une frustration s’en dégage inévitablement.
Le dessin de Galien régale incontestablement le regard, même si certaines cases révèlent trop l’utilisation de supports différents et affichent inélégamment le contraste entre l’arrière et le premier plan. L’œil peut ainsi buter sur la page, ce qui laisse immanquablement une mauvaise impression.
Celles et ceux qui ont apprécié le premier volume se régaleront du deuxième. Ce nouvel hommage à la littérature populaire de la Belle-Époque – dont la qualité n’est plus à démontrer – est à saluer. Il reste à corriger de légères maladresses pour que ce nouvel Arsène Lupin marque durablement notre imagination aventureuse.
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