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lors que la France s’attelle à la reconstruction, dans les coulisses, les élites continuent à s’entre-déchirer pour le pouvoir. De Gaulle prépare son retour, les colonies s’émancipent dans la violence et la tension monte entre Est et Ouest. Plus près de nous, Aimé Bacchelli a remis la main sur ses précieuses fiches et est bien décidé de retrouver la place qu’il estime sienne. De son côté, Agnès Laborde poursuit sa carrière avec, comme épée de Damoclès suspendue au-dessus sa tête, les preuves de sa compromission durant la dernière guerre.
Toujours aussi complexe et entremêlée, la trame multiple des Années rouge et noir s’étend alors que les temps nouveaux peinent à s’émanciper du bourbier hérité de l’Occupation. Pierre Boisserie et Didier Convard font de leur mieux pour adapter le roman éponyme de Gérard Delteil et proposent un récit âpre et tendu. Vengeances, coups fourrés et retournements de veste cyniques, les Trente Glorieuses apportent bonne fortune et progrès à l’Hexagone. Toutefois, n’y regardez pas de trop près, derrière la croissance économique se cachent des mœurs peu ragoutantes. Le portrait est saisissant et effrayant.
Stéphane Douay, toujours obligé de se faufiler entre les pavés de dialogues, offre son meilleur effort en date. Le trait est plus posé et les personnages mieux en main (sauf pour les figures historiques, la caricature, ce n’est toujours pas ça). Efficace, mais surchargée, la mise en scène demeure en retrait. Les grandes doubles pages entrevues dans les tomes précédents permettaient des respirations bienvenues, leur absence se fait remarquer.
Classique sur le fond et la forme, Les années rouge et noir rassemble toutes les qualités requises pour former une fiction historique convaincante. Suite et fin dans le prochain volume.
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