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ntonio est au fond du trou... Sa relation avec Tancrède vient de prendre fin et il déprime. Malgré la présence de ses amis, Anita, Tobia et Zeno et son mémoire à finir, rien ne le motive vraiment. L'année va être longue...
Une année sans toi, premier album pour Luca Vanzella et Giopota, respire la mélancolie et la poésie. En traitant de la séparation, le risque de se montrer larmoyant était réel. En ajoutant le fait qu'Antonio, leur personnage principal, et pas mal de ses copains sont homosexuels, la peur des clichés était possible. Pourtant, dès les premières planches, la narration, entre souvenirs commentés, présent et scènes fantasmées, crée un effet de surprise déroutant. Accompagné d'un dessin rond, au trait léger et simple, sans être pauvre pour autant, le ton respire l'authenticité et la fraîcheur. Cette impression repose également sur le cadre, l'Italie d'aujourd'hui, et des personnages qui pourraient être n'importe quel jeune actuel. Un peu grossiers dans leurs caractérisations, leurs préoccupations, leurs doutes, leurs situations amoureuse et professionnelle sont, eux, universels et apparaissent plutôt crédibles.
Malgré un héros franchement antipathique au premier abord, par son côté apathique et pleurnichard, l'envie de connaître son devenir naît rapidement. Au gré des douze mois (et autant de chapitres), Antonio se révèle humain, touchant, bien aidé par l'humour dont son entourage fait preuve. Par petites touches, le scénariste le fait évoluer, exprimer ses sentiments auprès de ses proches mais aussi de sa famille ou sur son avenir avec une pointe d'inquiétude qui résonnera sans aucun doute chez beaucoup de lecteurs. L'insertion de scènes teintées de fantastique même si, par moments, il est difficile d'en comprendre le sens, donne au récit la forme d'une fable. L'écart entre ces séquences imaginaires voire incongrues et des décors intérieurs ou des lieux existants (le phare ou l'université de Bologne), restitués avec soin, crée une dichotomie qui entretient l'ambiguïté de l'histoire, entre rêve et réalité. Une sensation qui accompagne jusqu'à la conclusion de cette quête de soi, métaphore de l'acceptation de sa nature avec ses défauts et ses ambitions.
Sans réellement décevoir ni totalement convaincre, Une année sans toi revisite avec originalité le thème de la reconstruction sentimentale et marque l'arrivée de deux artistes au style atypique.
J'aime beaucoup généralement la bd italienne mais celle-ci n'en fait malheureusement pas partie. Pourtant, le dessin m'avait attiré dans ce style réaliste et coloré que j'apprécie tout particulièrement.
Le thème est celui d'une rupture sentimentale entre deux hommes dans la trentaine. Quelque soit le sexe, cette épreuve fait toujours assez mal. Cependant, on va avoir droit à une longue tirade pour sortir le dépressif de sa bulle, pour le remettre en cause dans le monde d'aujourd'hui et pour aller après sur le chemin du pardon en ayant retrouvé le courage.
A noter un rythme assez long avec des séquences par mois. Il y a toute une maturation du personnage mais j'avoue en avoir eu un peu marre au fil de la lecture. A réserver plutôt à ceux qui souhaitent se reconstruire après une déception sentimentale.