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ai 68, la Sorbonne occupée, la chienlit sur les barricades et tutti quanti, ces événements sont entrés dans la mémoire collective. Cependant, comme ce sont toujours les vainqueurs qui écrivent l’histoire, il se pourrait que tout ne se soit pas passé exactement comme le raconte les livres. Qui se souvient des Franges, par exemple ? Qui se rappelle de leur tube « Je ne suis pas un clown » et, plus largement, du rôle que ce groupe oublié a joué dans le déroulement de ces jours troublés ? Personne et il y a bien une bonne raison avec marquée dessus « secret défense ». Cinquante ans plus tard, Benoit Gamin, auteur du podcast « Tout commence dans les sixties », va justement mettre la main sur ce dossier et ce qu’il va découvrir …, mieux vaut pas trop parler à plus d’un titre.
Plein d’énergie et d’idées, La véritable histoire des Franges mêle hommage et parodie d'une époque fantasmée : les années soixante, la révolte de la jeunesse et, surtout, le rock. Juanjo Rodriguez Jr. se fait un plaisir de relater ces instants forts et mélange à qui mieux-mieux références et péripéties diverses sous le signe d’un absurde et un flegme quasiment britannique. Ça court dans tous les sens sans que l’on sache vraiment pourquoi, la DST tire des ficelles et les CRS en prennent pour leur grade (depuis Guignol, c’est une recette gagnante !). Le résultat est amusant, même si l’ensemble manque drastiquement de tenue sur la longueur. Pour un premier livre, l’auteur a certainement voulu bien faire, mais il a un peu trop chargé sa barque.
Graphiquement, là aussi, ça va à cent à l’heure ! Le trait élégant d’une grande finesse est au point et le dessinateur témoigne d'une maîtrise impressionnante dans la mise en page. Les nombreuses scènes de poursuites (c-à-d quatre-vingts pour cent de l’album) sont dépeintes avec fougue et un sens du mouvement remarquable. Dommage que les couleurs très sombres associées à un rendu général crépusculaire viennent gâcher la partie. La lecture se montre peu aisée faute à un manque de contraste plus que marqué.
Relecture délirante d’un passé pas si lointain, galerie de personnages gratinée à souhait, les riffs de La véritable histoire des Franges dépote grave malgré quelques défauts techniques et une générosité scénaristique quelque peu envahissante par moments.
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