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pparu en 2015 sur la toile, Wallace l’intrépide a rapidement gagné l’estime du public et des critiques (deux nominations aux Eisner Awards en date) et est maintenant publié dans plus d’une centaine de journaux. C’est à la frontière des Peanuts et de Calvin & Hobbes que Will Henry a établi Snug Harbour, le petit village côtier siège des péripéties de Wallace et ses copains.
Ce strip humoristique classique suit la vie de cette communauté restée juste à la marge de la modernité. Le papa est pêcheur, la maman jardine et les gamins s’amusent entre l’école et l’heure de se coucher. Il y a Wallace, déluré et curieux, Spud, l’angoissé et la très réussie Amélia, la dure-à-cuire. Au milieu des jeux et des explorations, l’auteur égrène également quelques réflexions sur le temps qui passe et la brutale matérialité des hommes. La force du discours vient du positionnement à hauteur d’enfants des observations. Oui, ça serait chouette de remplacer la voiture par des autruches pour se déplacer (« Pense aux économies d’essence ! »). Le ton est frais comme les embruns et les gags délicieusement décalés.
Henry détaille cette bourgade - basée sur sa ville natale - avec un trait rempli d’amour qui rappelle celui du regretté Richard Thompson (Cul de sac) et, évidemment, de Bill Watterson. Le style est simple sans être minimaliste et la mise en scène hautement efficace. À ce propos, le redécoupage effectué par Jungle pour cette édition s’avère quelque peu malheureux. Celui-ci brise la continuité de la lecture et affaiblit certains effets. Cela dit, l’imagination « calvinesque » du héros renforcée par les sorties volontairement saugrenues d’un père qui sait entrer dans le jeu de son fils rendent ces historiettes amusantes et souvent jouissives.
Une aisance dans la manière, un certain classicisme sur le fond et une distribution très réussie, Wallace l’intrépide est l’antidote parfait à la morosité. Une nouvelle série à déguster sans modération !
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