1920, Camille a toujours du mal à se remettre des traumatismes de la guerre, d’autant plus qu’il n’a pas fait le deuil de son épouse qui s’est apparemment suicidée quelques années avant les hostilités. De retour dans son patelin, le sculpteur souhaite reprendre son métier et reproduire dans la pierre les voluptueuses courbes des femmes, mais il doit se rendre à l’évidence : la France a surtout besoin de son talent pour ériger des monuments aux morts. Il se heurte par ailleurs à la hargne de ses beaux-parents, lesquels l’accusent d’être la cause du décès de leur fille, ces derniers vont jusqu’à prétendre qu’il est fou pour le faire interner.
Le scénario de Didier Quella-Guyot présente un protagoniste attachant au désespoir palpable et crédible, son tourment artistique faisant corps avec son chagrin. Son entourage est polarisé, certains désirent lui venir en aide alors que d’autres l’accablent. Bref, l’intrigue est bien ficelée. Le récit propose cependant une étrange double conclusion. Le héros arrive d’une part, à travers son œuvre, à résoudre ses conflits, tant les souvenirs des tranchées que celui de son amour partie trop tôt. D’autre part, la révélation d’un secret de famille faite toute la lumière sur la haine que lui vouent son beau-père et sa belle-mère ; une explication décevante et banale qui n’apporte d’ailleurs pas grand-chose à l’anecdote.
Le coup de pinceau d’Arnaud Floc’h est intéressant. Ses personnages se révèlent vivants et expressifs, malgré un trait imparfait et vaguement imprécis, particulièrement dans la représentation de certaines expressions faciales. Les décors et la reconstitution de la campagne française d’il y a un siècle sont pour leur part convaincants. La colorisation de Sébastien Bouët repose sur des teintes foncées ; il y a en effet peu de couleurs éclatantes dans le quotidien de l’artiste dépressif.
Une histoire de vie et de mort, d’art et de pudibonderie dans une société encore sous le choc d’un affrontement dévastateur.
J'ai bien aimé cette histoire mais je trouve les dessins justement pas à la hauteur du thème , ils devraient sublimer le scenario mais ils manquent de précision , de folie justement , dommage
Une histoire poignante du sculpteur Camille LE MOALL de retour de la grande guerre. Il va tenter de reprendre ses activités avec pour désire secret de redonner la vue à la statue de sa femme. Celle-ci, grande déprimée, à juste raison, s’est crevée les yeux avant de se suicider par empoisonnement. Notre sculpteur lui a alors dédié une statue sur sa tombe dont la nudité va froisser les parents. La statue n’a pas encore ses yeux car Camille est à la recherche du regard de sa femme qui fuit son esprit. On va le croire fou et il sera interné. Mais tout ceci n’est qu’une manipulation due à son beau-père qui cache un lourd secret. Il réussira à sortir de l’internement grâce à des amis et…
La suite fait très mal quand le secret du beau père est enfin dévoilé. Mais la fin de l’histoire est magnifique et certainement l’un des plus beaux hommages à ceux qui sont morts pendant la première guerre mondiale mais aussi à tous ceux qui ont survécu. Le titre de la BD prend alors tout son sens.
Dans cette histoire, il y a beaucoup d’autres éléments poignants comme tous ces chiens estropiés de la guerre que Camille va adopter et qui sont omniprésents tout au long des deux albums.
Je conseille la lecture de cette histoire, avec la cruauté comme toile de fond mais qui n’est qu’un hymne à l’amour.