Dix nuits dix rêves. Dix récits courts qui ont peu, sinon rien en commun. Dans cette adaptation d’un roman de Natsume Sôseki par Yôko Kondô, il est question de mort, d’abandon, de solitude, de mélancolie, de tristesse et de rupture. Les fables se révèlent parfois touchantes, mais pour la rigolade, il vaut mieux regarder ailleurs.
Les segments, concis et elliptiques, pourraient évoquer les haïkus, ces poèmes microscopiques composés de trois strophes exprimant le quotidien et sa banalité. Quelques nouvelles se montrent prenantes (le suicidé qui, pendant sa chute, regrette son geste ou encore le décès de l’être aimé), d’autres banales (un dialogue avec un moine qui ne répond pas aux questions ou une visite chez le barbier), mais aucune n’est véritablement marquante. Il manque quelque chose dans cet album. L’émotion, distillée à doses homéopathiques, aurait besoin d’être portée par des acteurs charismatiques mis au service d’un texte plus élaboré et un brin moins métaphorique.
Le dessin est lui aussi épuré ; d’imposantes masses noires côtoient un trait fin. Les visages sont sommaires et les décors souvent succincts. D’une certaine façon, cette absence de détails renvoie aux mirages nocturnes qui, au réveil, s’avèrent généralement imprécis alors que ne subsiste que la trame principale du songe. Le découpage est à l’image du projet, c’est-à-dire plutôt sage.
Tous les rêves méritent-ils d’être racontés ?
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