L
e père de Mia a été assassiné dans une base sous-marine de recherche scientifique, le Dept.H. Mia est descendue pour découvrir qui, parmi les sept accompagnants du célèbre docteur, est le coupable. À la suite de graves avaries, elle se retrouve coincée dans une pièce avec Roger, le plus vieux camarade de son aïeul. La jeune femme lui fait part de son sentiment de culpabilité générale. Il décide alors de lui raconter la vie et les circonstances de la rencontre de certains membres de l’équipage avec le professeur. Pendant ce temps, tandis que l’hypothèse du sabotage prend corps, le reste de l’équipe tente de sauver ce qui peut l’être.
Le premier tome de cette série mélangeant anticipation, polar et thriller, constituait un lancement remarquable et, il faut l’espérer, remarqué. Dans ce second épisode, Matt Kindt confirme tous les espoirs nés de cette introduction haletante et sa science narrative. Après avoir efficacement posé le contexte et installé une ambiance lourde, il entreprend maintenant de faire la lumière sur les liens qui unissaient la victime et ses compagnons. En tissant ces histoires individuelles, le scénariste donne encore plus de corps à ses personnages et continue de brouiller les pistes sur l’identité du (des) tueurs(s). Intelligemment, il évite que ce chapitre ne soit constitué que des ces flash-back. Chaque révélation est entrecoupée de séquences sur les événements dramatiques qui se jouent pendant que le site menace d’imploser. Ainsi, entre l’intrigue policière et la tension de la survie immédiate, le suspense demeure à son comble.
Évidemment, pour parvenir à tenir ainsi le lecteur, il faut une partie graphique exemplaire. C’est bien sur ce point qu’une bonne partie du public intéressé va devoir se faire quelque peu violence. Le trait de Kindt sort des sentiers battus par son aspect brut et lâché. Il ne faut pas oublier que des « jolis » dessins immédiatement accessibles ne constituent pas forcement un gage en termes d’efficacité et d’imprégnation dans un récit. Si le dessin n’est pas obligatoirement attractif de prime abord, il faut lui laisser une chance en mettant de côté ses standards esthétiques habituels, afin de profiter du talent d’un auteur exploitant parfaitement les possibilités du 9ème art pour conter. La qualité de la mise en scène, des cadrages, de l’utilisation des couleurs et des ombres est proprement envoûtante.
Dept.H peut sans aucun doute demander un effort pour y rentrer, mais, pour finir, le plaisir n’en sera que plus intense.
La chronique de premier tome
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