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sabelle de Médicis est née pour régner. Malheureusement, elle est une femme et donc le pouvoir lui est inaccessible. Pourtant, son père, Cosme Ier de Toscane, est bien conscient de sa valeur. En organisant sa succession, il lui permet d’œuvrer dans l’ombre au grand dam de son aîné qui vit très mal cette tutelle féminine. Amatrice d’art, indépendante et libérale, Isabelle sait qu’elle va devoir se méfier de la haine qui s’installe entre elle et deux de ses frères.
Dans le dernier volume de la saga de la famille de Médicis, dont la vie est digne des plus grands thrillers et romans d’aventures, Olivier Péru apporte un éclairage sur un personnage assez méconnu. Comme depuis le début, il trouve le ton juste pour faire découvrir au lecteur une jeune femme forte et intelligente qui, ayant reçu une éducation humaniste, choisit de s’affirmer et de vivre comme elle l’entend, malgré l’étroitesse de la condition féminine de l’époque. Le portrait ainsi dressé se révèle suggestif et intéressant et, grâce à une introduction se déroulant quarante-huit ans après la naissance de l’héroïne, le scénariste maintient un suspense sur la conclusion de cette histoire.
Le dessin d’Erion Campanella Ardisha, mis en couleur par Élodie Jacquemoire, est de facture classique. Malgré quelques défauts dans les silhouettes ou les visages et une certaine rigidité, il est suffisamment évocateur et fluide pour permettre aisément de suivre le destin de cette femme enfermée dans les carcans de la domination masculine.
Cet ultime épisode confirme l’intérêt de cette série. En mélangeant faits réels et imaginaires, Olivier Péru livre là un exercice réussi de vulgarisation de l’Histoire.
Ce dernier album de la série « Médicis » me parait être le maillon faible. L’histoire d’Isabelle, François et Ferdinand ressemble à une éternelle dispute d’ados.
Isabelle mariée contre son gré avec un Orsini, puissante famille de Rome, est une femme indépendante et en affrontement permanent avec son frère François qui remplacera son père Cosme comme grand-duc de Toscane. La fin de l’album s’accélère, de façon similaire au tome 3, comme s’il fallait tout caser pour terminer l’histoire.
Je me demande si la vie du petit frère Ferdinand n’aurait pas été plus intéressante. Il manque aussi à la série, l’histoire de Catherine de Médicis (bien qu'il y soit fait référence) même si celle-ci est plutôt centrée sur les Médicis de Florence. Un autre titre aurait peut-être été plus pertinent. Pour les Médicis de Toscane, la vie de Jean-Gaston de Médicis serait très intéressante à mettre en image…