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laus le chat, Lawrence le canard, Ivor le rat, Herc’ la tortue, et bien d’autres, forment un microcosme de créatures à la morphologie animalière et à la psyché humaine. Mais ce monde, malgré les apparences, n’a pas l’insouciance de l’enfance. Il est animé par les frustrations, les dilemmes et autres questionnements existentiels de ses habitants. Klaus, au centre de ce microcosme, est amoureux de Jolie Jument, alias J.J. Mais les amours d’un cheval et d’un chat ont du mal à se concrétiser. Alors Klaus rêve, s’obstine et philosophe, pendant que son entourage ne cesse de le décourager, avec force moquerie et ironie grinçante.
L’illustrateur anglais Richard Short a créé un personnage mélancolique, peut-être autobiographique, dont il met en scène les interrogations, les états d’âme et la confrontation avec ses contemporains. Au fil de trois récits (Lovely Horse, Steven et Fancy), ainsi que de multiples strips de quatre cases, il développe une vision de la vie désabusée et sombre, dans laquelle les voies qui semblent s’ouvrir se changent irrémédiablement en impasses. Au détour d’une de ses observations de son environnement, il déclare : « Regarde-les courir, ils font ressembler la liberté à une corvée … ». Tout est dit.
Le spectre abordé par l’auteur est large : la socialisation, la création artistique, la mort, la philosophie, l’amitié, la liberté, la procrastination, les pulsions ou la morale. Klaus cherche à se raccrocher aux autres, à la nature, aux rêves ou à l’infinité cosmique. Rien n’y fait. L’issue est toujours une déception ou un retour à la case départ. Néanmoins, portées par un dessin faussement naïf et un humour omniprésent, ces méditations sont addictives.
Le dessin, simple mais jamais simpliste, produit des comics underground, va à l’essentiel, en soutien aux dialogues d’une efficacité redoutable. L’ensemble fait immanquablement penser à Snoopy ou Mafalda, par le ton décalé, le dépouillement du graphisme, le format court et ces interrogations qui font sourire. L’intelligence va de pair avec l’amertume, fusionnant parfois jusqu’à l’absurde. Et Ivor de proposer à Klaus pour le réconforter : « Tu sais quoi, on va aller faire quelque chose d’idiot et de dangereux ».
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