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aris, 26 novembre 1974. À la veille de défendre son projet de loi sur la dépénalisation de l’avortement, Simone Veil sait qu'elle va devoir mener une difficile bataille politique où tous les coups, mêmes les plus bas, seront de mise. Pour garder son esprit clair et sa pensée limpide, elle se remémore des moments de sa vie. Elle a réussi à sortir vivante d’Auschwitz-Birkenau, ce ne sont pas quelques députés réactionnaires ou une poignée de manifestants en colère qui vont la faire trembler ou entamer sa détermination.
Portrait biographique classique et sans surprise, Simone Veil l’Immortelle retrace des épisodes clefs de la destinée de cette figure majeure du monde politique français du XXe siècle. Quelques retours en arrières sur le passé, de nombreuses précisions à propos des acteurs à l’instant du vote de ce texte crucial pour la vie des femmes, Pascal Bresson met en scène les faits d’une manière efficace, mais sans réel souffle dramatique. La trajectoire de la ministre est certes exemplaire et se suffit à elle-même. Néanmoins, un peu plus de vigueur ou quelques tentatives supplémentaires pour contextualiser les forces en présence – celles d’hier et d’aujourd’hui – auraient donné encore plus de force au scénario. Le lecteur en sera quitte pour un récit précis et détaillé, quoiqu'un peu froid et manquant d’accroche.
Hervé Duphot illustre sobrement cette existence admirable. Le trait, qui rappelle agréablement le travail de Jason Lutes dans Berlin, est bien en place. De plus, le dessinateur évite judicieusement de jouer sur la surenchère et le pathos : les passages se déroulant dans les camps sont particulièrement touchants. L’évocation est puissante tout en étant pleine tact et infiniment respectueuse. Le traitement quasiment expérimental des couleurs se fait également remarquer. Chaque époque est « habillée » en bichromie avec une teinte spécifique renforçant ainsi le ton de la narration. L’effet est simple et fonctionne admirablement.
Complet, sincère et un peu terne, Simone Veil l’Immortelle remplit quand même largement sa part du contrat. Outre son sujet central, il présente aussi un moment critique dans l’évolution et la modernisation de la société française.
Quel superbe album qui met très bien en valeur cette femme exceptionnelle et admirable qu'a été Simone Veil ! Non seulement son entrée au Panthéon en Juillet 2018 est justifiée mais son oeuvre est même pérénisée par la bande dessinée. C'est une véritable consécration.
On entre tout de suite dans le contexte de l'année 1974 où elle monte au créneau d'une assemblée nationale gaulliste et machiste pour faire passer la loi sur la dépénalisation de l'avortement qui portera son nom. A chaque fois qu'une femme a mené un combat progressiste sur des questions de société, qu'elle soit de droit ou de gauche, elle se heurte à une puissante opposition totalement indigne. Je pense également à Christina Taubira sur le mariage pour tous où la France est devenue le 14ème pays au monde à l'autoriser.
Simone Veil a été une femme courageuse car elle n'a pas eu une vie très facile avec une adolescence marquée par les camps de la mort d'Auschwitz-Birkenau où elle perdra ses parents et son frère. On arrive à comprendre ce qu'elle ressent quand on la traite de nazi, elle qui a subie leur barbarie. On assistera à ces tristes épisodes qui sont fort émouvants. A noter que cela ne verse pas dans le pathologique grâce à une certaine dignité qui ne joue pas dans la surrenchère.
C'est une lecture fort utile pour toutes les générations. Cela nous permet par exemple de relativiser chaque chose dans un contexte de violence sociale que traverse notre pays. Un mot sur le dessin pour dire qu'il est assez limpide ce qui facilite la lecture. On reconnait par exemple très bien Jacques Chirac et le président Valéry Giscard d'Estaing qui ne sont pas vraiment monté au créneau pour défendre cette loi même s'ils l'ont soutenu.
Bref, une belle démonstration de cette femme extraordinaire et immortelle qui restera pour moi une héroïne des temps modernes!
Biographie dessinée de Simone Veil qui insiste sur les deux années clés de sa vie, 1944 (déportation au camp d'Auschwitz) et 1974 (lutte pour sa loi sur l'IVG). Le récit est bien construit, les dessins sont simples mais les protagonistes sont bien croqués. Les fonds de couleur chapitrent le récit de façon originale.
Livre que j'ai attendu et voici une totale déception... Le scénario est d'une banalité sans nom malgré un sujet plutôt prometteur. A croire que ce livre a été bâclé ou alors réalisé sans aucun talent. Le dessinateur sort son épingle du jeu mais doit supporter un découpage lourd et dénué de dynamisme. Se livre marchera sans aucun doute car actualité oblige... Il entrera sans aucun doute au panthéon des nanars du 9ème art.