L
es Stryges se sont tus et l’unique rescapé de l’holocauste planétaire murmure à l’oreille d’une Humanité moribonde les premières notes de sa résurrection…
Ainsi Mythes clôt une série créée en 1997 et portée depuis par les mélopées d’Éric Corbeyran et les glyphes de Richard Guérineau. Qu’ils en soient remerciés !
La légende veut que le pitch fondateur de cette épopée éditoriale leur fût inspiré par un certain Peter McKenzie – à moins que ce ne soit par quelques stryges parisiennes ? - lors d’une déambulation nocturne. Quoi qu’il en soit, la fin du précédant millénaire était une époque euphorique, et il fallait l’être pour s’imaginer pouvoir réaliser une saga en trois cycles de six albums chacun avec une idée qui tenait en une ligne : tapies dans l’ombre, des créatures venues de la nuit des temps imposent leur volonté aux Hommes. L’affaire fut cependant conclue avec les éditions Delcourt et les années suivantes firent fleurir quatre spin-off, capitalisant ainsi sur la cosmogonie des stryges et rentabilisant par la même un investissement pour le moins risqué au départ.
Ces considérations mercantiles passées, qu’en est-il - succinctement - de l’œuvre elle-même et de ce qu’elle laissera à la postérité ?
Si le travail de Richard Guérineau était à résumer brièvement, il faudrait d’abord évoquer l’approche très cinématographique de son dessin et le recours aux plans serrés comme aux mouvements de « caméra » tournant autour de ces personnages et amplifiant ainsi la cinématique de chaque planche. Autre point notable, la transformation du trait au fil des saisons qui en a certainement déstabilisé plus d’un. La comparaison entre Ombres et Mythes met en évidence un changement pour le moins radical mais logique sur la durée et surtout en adéquation avec les évolutions voulues par Éric Corbeyran au cours des trois « saisons ». Progressivement, la série est passée d’une variation à la X Files au road-movie psychotique, laissant probablement sur le bord de la route nombre d’afficionados de la première heure. Toutefois, même si le dix-huitième album peut sembler être là pour faire le nombre, il convient de reconnaître une constance de la ligne narrative sur le long terme qui malgré quelques égarements sanglants sur le dernier tiers reste globalement de bonne facture et la marque du talent.
Au gré des albums, Le chant des Stryges a plu ou déçu, mais demeure emblématique d’une manière révolue de concevoir une série BD. Désormais, l’avenir des Stryges s’inscrit dans la poussière de nos bibliothèques. Qu’ils y reposent en paix !
Un album final qui a le mérite de clore cette longue série. J’ai adoré les 1er albums, trouvé que l’histoire s’éternisait un peu et n’avançait pas beaucoup dans les albums intermédiaires. Heureusement l’histoire s’est accélérée vers la fin pour nous livrer une fin apocalyptique avec un « reboot » de l’humanité qui laisse quand même une note d’espoir….Avec cette fin je ne peux n’empêcher d’y trouver des similitudes avec d’autres séries, notamment Prométhée. En effet, le concept ou l’espèce humaine a besoin d’un « reboot » pour repartir sur de nouvelles bases semble être prisé chez plusieurs auteurs. Globalement j’ai apprécié cette série grâce à un scénario original et un dessin satisfaisant. Je relirai sûrement cette série dans quelques années avec plaisir….
Niveau édition rien de particulier, la maquette est rodée depuis de nombreuses années et ce dernier album de la série ne change rien aux habitudes. Une page de garde en fin d'album rappelle les intégrales des séries parallèles.
Après les cataclysmes provoqués par la destruction de la grotte les quelques groupes de survivants tentent de résister et ont entamé une mutation physique... L'Ombre et son groupe parcourent ce monde désolé, entre désespoir et survie, alors que leur Némésis n'en a pas terminé de répandre sa haine sur ce nouveau monde...
Le Chant des stryges est entré dans les annales, parmi les quelques séries majeures qui ont su maintenir un niveau d'exigence sans se perdre scénaristiquement dans des aventures commerciales. Le premier responsable de cela est sans aucun doute Eric Corbeyran, grand scénariste dont le Chant fut une des premières séries et le premier gros succès. Cet alliage de conspirationnisme fantastique issu de la mythologie X-files (la série de Chris Carter est diffusée à partir de 1992, le Chant des stryges en 1997) a plu par sa maîtrise scénaristique, par la précision élégante de Richard Guerineau et surtout par la cohérence de l'univers créé, une véritable mythologie puisant dans l'ensemble des mythes humains et de l'histoire occulte pour fabriquer quelque chose de nouveau qui expliquerait nombre d'énigmes de notre histoire et de la science. Structurée en saisons comme pour une série TV (je crois que c'est le premier à avoir eu cette idée en BD...), l'intrigue s'est étalée sur vingt ans avec une régularité de métronome, un album par an, au risque de quelques essoufflements graphiques sur certains albums. Corbeyran a tenté d'élargir le spectre de cet univers en expliquant certains mystères dans trois séries parallèles (une quatrième série SF était prévue) situées à différentes époques de l'histoire, sans grand succès. Mais l'ensemble du projet est allé au bout de ce qui était prévu et permet d'entrer plus ou moins loin dans cet univers sans obligation de sortir de la série mère qui se justifie à elle-même.
Après tant d'années et de véritables ruptures thématiques à chaque saison qui ont permis au Chant de ne pas ronronner, l'on finissait par se demander si la série se finirait... Chacune des trois saisons étant composée de six albums la fin devait arriver au dix-huitième tome et nombre de lecteurs ont été surpris, choqués, retournés à la lecture du dix-septième épisode qui semblait clôturer la série. Un tel apocalypse rendait difficile un dernier album et j'ai fait partie des sceptiques sur la possibilité de clôturer correctement cette formidable série. Et bien la maîtrise d'Eric Corbeyran est toujours là car je peux dire après avoir refermé cet ultime opus que la boucle est bouclée magistralement, avec toujours cette cohérence, des choix difficiles et une fin qui reste ouverte pour l'esprit des lecteurs sans pour autant appeler de suite. L'honnêteté des deux auteurs aura été entière tout le long de cette aventure et je tiens à les remercier pour tout cela.
Et l'album proprement dit? Difficile d'en parler sans spoiler dans une telle série. La force de ces scénarios ce sont les personnages qu'ont su créer les auteurs en se mettant en danger, en changeant notre perception et le traitement fait aux héros. Kevin Nivek, l'un des plus charismatiques héros de la BD a été délaissé progressivement pour le véritable personnage central, l'Ombre. J'ai regretté cela mais ça a permis de tisser une relation ambiguë entre les deux personnages, l'humain et l'anti-héroïne invincible et antipathique. Les acolytes de l'Ombre créés dans le troisième cycle ont tous joué leur rôle, un peu éclipsés par la fascination que semble porter le scénariste sur son grand méchant psychopathe Carson. Cet album se présente comme un ultime voyage à la recherche du dernier stryge, dans des paysages dévastés qui proposent des pages grises et marronnasses. L'album est ingrat pour Guérineau qui s'applique néanmoins sur ses cadrages et dessins de personnages toujours aussi précis. La mutation physique introduite par le scénariste implique des dessins peu esthétiques tendant vers l'effet Zombie... Le cadre de l'album (post-apo) n'est pas propice aux plus belles planches mais le prologue permet à l'illustrateur de montrer une nouvelle fois son très grand talent avec un effet crayon magnifique.
Il semble que le cerveau d'Eric Corbeyran ait eu du mal à freiner ses mille idées malgré la nécessité de terminer son œuvre et cela laisse un peu de frustration lorsque l'on imagine ce qu'aurait pu être un dernier cycle en mode "Akira" post-déluge... Il y a bien sur quelques incohérences mais l'on n'y fait guère attention tant la volonté de rester centré sur les relations de ses personnages est forte et tant l'ensemble est bien pensé, logique. Il est difficile de clôturer une histoire, il est difficile de proposer des évolutions relationnelles de ses personnages et Corbeyran y parvient parfaitement en proposant en cet album une sorte de post-face reliant l'origine du mythe et cette dernière page iconique qui laisse pensif et nous rappelle que l'objet central de la série ont été depuis le début les stryges. Une très bonne fin pour une très grande série.
a lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2018/07/18/le-chant-des-stryges-18
Bof, bof...
Dernier tome de cette série fleuve...
Déçu pour ma part, par ce final post-apocalyptique, que je trouve sans grand intérêt.
Le chant des stryges méritait un album final digne de ce nom et je ne suis pas déçu. Beaucoup d’action pour terminer plus de vingt ans de péripéties et la dernière page tournée donne l’envie de tout relire. Merci pour cette série originale qui a su rester à un très bon niveau tout au long des 18 albums. Est-ce que Corbeyran et Guerineau nous réservent une nouvelle série au long cours ? Allez messieurs, vous êtes encore jeunes…