L
a Terre aura-t-elle ressenti les intentions hostiles provenant de ces deux groupes de guerrières chevauchant dans le canyon ? Nul ne le saura jamais. Après l'éboulement dévastateur qui a décimé les troupes, elle ne fait grâce qu'à Blanche, chevalier d'Occident et Zia, de l'Ordre ennemi d'Orient. Opposées par leurs préceptes mais unies dans la tâche première de tuer le dragon générateur de veill, ces femmes devront faire face finalement à une épreuve plus dangereuse et plus complexe : l'ébranlement de leurs convictions et la perfidie du doute.
Après une baisse de niveau manifeste dans l'originalité et l'intérêt des dernières intrigues, Ange remet les choses à plat et démontre que qualité rime naturellement avec simplicité. En mettant en scène la confrontation d'un duo d'héroïnes tiraillées et empêtrées entre devoirs, raison et sentiments, il exprime de manière tout à fait juste la complexité de la cohabitation de la conscience et du cœur. Les enjeux politiques construits depuis le début et la menace de la créature servent d'ossature au récit et génèrent l'aspect aventure, car il ne faut pas oublier le concept de la série. Subtilité et sensibilité se révèlent les maitres mots de cet épisode qui rassure le lecteur, oui, La geste des chevaliers dragons possède encore quelques beaux couplets à déclamer.
Le style épuré de Thibaud De Rochebrune (Michel Ange, Jack) convient parfaitement aux grands espaces rocheux et aux lieux encaissés empreints de sagesse. Leur association forme un décor propice au développement de l'émotion qui imprègne délicatement le récit. Le trait fin et la colorisation douce permettent ce dépouillement qui accorde de la force et de l'authenticité aux expressions et gestuelles des personnages.
La vie est une chienne. Nous ne nous reverrons jamais donne corps à cette expression amère qui rappelle qu'entre sacrifice et renoncement, la frontière est ténue.
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