A
près que Mai 68 eut libéré les esprits, le début des années soixante-dix avait vu apparaître une multitude de récits osant aborder tous les sujets de toutes les manières. Interdire ayant été interdit, les artistes ne s’étaient pas privés pour tout raconter et tout montrer, avec, il faut bien l’avouer, des résultats pas toujours au niveau de leurs ambitions. Une fois ce premier vent de folie passé et des structures éditoriales cohérentes installées (Fluide Glacial, Métal Hurlant et bientôt (A SUIVRE) pour ne nommer que les plus importantes), la révolution de la bande dessinée adulte pouvait vraiment commencer. Au milieu de ce mælstrom créatif, deux titres signés de Moebius s’imposèrent dès leur première parution : Arzach et Le Garage hermétique. Des fables comme personne n’en avait jamais lues ou même imaginées possibles.
D’un côté, une série de petites nouvelles muettes réalisées en couleurs directes – technique encore rare à l’époque – composée uniquement d’illustrations pleine page. De l’autre, une histoire au long cours dotée d’un scénario « automatique » totalement improvisé. Dans les deux cas, l’auteur laissait toute liberté au lecteur pour donner un sens à sa création. En échange, il proposait un écrin graphique éblouissant et inclassable. Les codes classiques de la narration sont abandonnés, l’inconscient prend les rênes et les pupilles explosent devant le talent du maître. Et, en un instant, le nom de Moebius fit le tour de la planète BD.
Plus de quarante ans après, la force d’évocation visuelle et intellectuelle de ces chefs-d’œuvre est toujours aussi palpable, particulièrement grâce à la forme ouverte des scénarios qui permet une réinterprétation permanente du propos. Les Humanoïdes Associés l’ont bien compris et proposent une énième réédition (à quand une véritable intégrale raisonnée ?) de ces travaux essentiels. Mieux encore, l’excellente postface de Daniel Pizzoli offre un aperçu court mais très détaillé de ce qui se cache sous ces planches hypnotiques.
Indispensables, extraordinaires, révolutionnaires, Arzach et Le Garage hermétique continuent à envoûter. Aucune excuse pour ne pas y replonger !
Merci de corriger la première phrase de votre chronique : après que est suivi de l'indicatif, et non du subjonctif, puisqu'il se réfère à une action passée, donc certaine (voir par exemple : http://parler-francais.eklablog.com/apres-que-indicatif-a3704329). Il faut donc écrire "Après que Mai 68 eut libéré (sans accent circonflexe)…".
Cordialement
Ce recueil m'a procuré une vrai plaisir, qu'elle délice de ce replonger dans l'univers si particulier de Moebius et la post-face de Daniel Pizzoli y apporte un nouveau éclairage très intéressant.
C'est un très beau livre qui ravira les fans de Moebius ainsi que les néophytes curieux.