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loride, comté de Willow. Un coin des États-Unis où les habitants se promènent en 4 x 4 avec leurs armes. Comme partout, tous craignent les cannibales. Ces créatures sont semblables aux zombies, à quelques différences près : elles restent conscientes, ne râlent pas et ne portent pas de vêtements en loques. Il est donc impossible de les reconnaître, jusqu’à ce que l’un mange son voisin. Une fois rassasiés, ils sont habituellement envahis par les remords. Les autorités, dépassées par la situation, réagissent peu. La nature ayant horreur du vide, les gens règlent le problème eux-mêmes et les policiers ferment les yeux. C’est ce que font les frères Grady et Cash Hansen ; ce dernier est d’ailleurs passablement énervé alors que sa fiancée, Jolène, est portée disparue, au moment même où surviennent les premières attaques dans son village.
Le récit repose sur la recherche de la bien-aimée d’un des protagonistes ; mais dans les faits, les auteurs, Brian Buccellato et Jennifer Young, présentent plutôt une atmosphère. Une Amérique profonde, des vies de misère, beaucoup d’alcool, de la violence, du sexe crado et des enfants de 14 ans qui travaillent dans un bar. Dans ce cadre, les affamés demeurent accessoires. De fait, ils chamboulent à peine ce microcosme. Tout au plus ils exacerbent les passions et les valeurs d’extrême droite, ils donnent un prétexte à ces individus pour qui le gouvernement est une structure inefficace alors que l’autojustice permet de résoudre les choses vite et bien.
Le dessin de Matias Bergara tient la route. Les personnages et les décors sont très réalistes afin que le lecteur s’identifie (du moins en partie) à cet univers, avant de le plonger dans la terreur. Il y a du reste peu de lumière dans ces illustrations, un peu comme si les ténèbres s’abattaient sur le monde. Le découpage des planches se révèle dynamique et la disposition des vignettes audacieuse. Le pinailleur note tout de même les nombreux espaces vides, par exemple lorsqu’une case de taille moyenne est centrée avec rien autour.
Un mélange de Walking Dead et de True Blood, joliment mené.
L'album a été lu en numérique, donc hormis la maquette reprenant l'habillage d'une bouteille de Whiskey, aucun bonus hormis les couvertures des épisodes, ce qui est rare dans les comics.
Cannibal vous transporte dans l’Amérique profonde, celle que les scénaristes américains illustrent de plus en plus dans leurs récits de genre, en cette période de Trumpisme où une Nation s'interroge sur son sort et sur la viabilité à faire encore cohabiter des populations si différentes et notamment un Sud réactionnaire, violent, anti-autorité. Car sous un habillage d'histoire d'horreur se cache surtout la chronique d'une fratrie de la Louisiane, un endroit où le centre est le bar, où tout le monde se connaît et où on chasse les étrangers (entendre "étranger au comté"...) à coups de barres de fer. Surtout, un endroit où comme jadis dans l'Amérique pré-Union, les habitants se font justice eux-même en vague forme de milice et où le Shériff bien loin de sa tutelle ferme les yeux. Un univers où la petite amie est gogo-danseuse et où le héros défonce un concurrent juste au cas où...
L'esprit des scénaristes n'est donc pas à dresser des proximités entre lecteur et personnages. Je ne sais si c'est le dessin ou la construction mais on a du reste un petit peu de mal à suivre qui est qui entre tous ces grands gaillards redneck. La seule once de fantastique reste cette rumeur lancinante qui revient discrètement qui nous fait comprendre que certains deviennent cannibals et l'album s'ouvre et se termine sur une telle scène. C'est tout. Pour une série titrée Cannibal on peut considérer qu'il y a tromperie sur la marchandise. Je ne dirais pas cela mais simplement que l'action tarde un peu à venir comme l'enquête de ce shériff noir très zen qui sait gérer sa population de sang chaud. Le cœur de l'histoire, très bien dessinée (un peu à la manière de Sean Murphy) est intéressant à suivre et l'on a envie de connaître la suite. Ce premier volume de Cannibal est à consommer tranquillement, au calme, sans s'énerver. Il ne vous retournera pas mais vous fera voyager dans un lieu où l'on a pas très envie de vivre et cette immersion convaincante justifie sa lecture.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2018/09/11/cannibales
récit fouillis, dessin fouillis, l'on s'y perd dès les premières pages.
L'auteur a voulu raconter l'histoire comme si c'était une série TV à plusieurs épisodes, en présentant tout un tas de personnages.
Je m'y suis perdu définitivement.
Un nouvel univers qui mélange à nouveau gangsters, règlements de compte, horreur, alcool, violence et sexe (comme souvent dans les albums de Buccellato).
Mais ici, le contexte est intéressant et la trame principale inédite.
L'histoire avance convenablement et emmène facilement le lecteur avec elle. Flashbacks et cliffanghers sont bien placés et tiennent le lecteur en haleine.
Les dessins auraient mérité d'être plus détaillés mais la mise en scène très cinématographie rattrape facilement le coup.
Encore une bonne et agréable série américaine de plus au catalogue Glénat Comics.