L
e commandant Allemand Hugo von krûger est un cas particulier. En 1916, alors au service de la Kaiserliche Marine et à la tête d'un puissant voilier, il sillonne l'océan Atlantique pour couler les navires des alliés chargés d'approvisionner les forces terrestres. Gentleman corsaire, il met un point d'honneur à mener ses missions à bien sans faire de morts. Au cours d'un énième raid, cet aristocrate des mers arraisonne un bateau Français et emprisonne son équipage. C'est dans ces circonstances qu'il fait la connaissance de Pénéloppe de Luynes, la fille d'un richissime armateur. Le charme naturel de sa captive pourrait bien être aussi redoutable que n'importe quel canon à bord. À moins que la belle ennemie, éprise de liberté, ne choisisse un tout autre sillage.
«Je suis un soldat, pas un assassin. Bien au contraire, je m'enorgueillis de mener mes actes de guerre sans jamais faire une victime».
Inspirée de la biographie du comte Felix Von Luckner qui fut surnommé "le dernier corsaire", Philippe Thirault (Miss, Mille visages et la meute de l'enfer) au gouvernail de ce premier volet intitulé Atlantique 1916, signe une histoire passionnante sur fond de première guerre mondiale. Cet autre aspect du conflit qui consistait à sevrer les troupes de la coalition en privant les militaires et les civils de certaines denrées et matières premières en attaquant leurs navires commerciaux est soigneusement abordée à l'aide de faits historiques et réels. Outre son aspect ludique déjà évoqué, l'apport habile d'une femme fatale -fictive elle- permet de tisser une grande aventure maritime riche en complots, trahisons et rebondissements qui laissent peu de répit au déroulement d'un récit haletant prévu en deux volets.
Féru et passionné de navigation, Enea Riboldi (Cap Horn) une nouvelle fois à l'aise dans son élément de prédilection rend un dessin réaliste avec les couleurs mates de Joelle Comtois qui réjouissent les mirettes. Si des manquements apparaissent principalement dans l'absence de précision dans les traits de ses personnages, les atouts sont en revanche nombreux : soucis de la précision sur les navires et leurs armements, éléments naturels avec des mers d'huile ou démontées dont les écumes et les embruns parviendraient presque, grâce à leur réalisme, à asperger les visages des lecteurs.
Fameux trois mâts, le Seeadler met le cap sur les «bédéph'îles» ! Toutes voiles gonflées, il part à leur abordage et leur conquête. Touchés, coulés, ils ne pourront probablement que chavirer et capituler devant la force de frappe de L 'Aigle des mers.
L’aigle des mers nous conte une histoire un peu particulière sur l’un des derniers pirates mais au service d’un pays en guerre. Je ne m’attendais pas à ce que le Kaiser Guillaume II puisse encore envoyer des voiliers style ancienne époque pour torpiller les navires de commerce livrant ses ennemis.
On assistera à la romance entre le capitaine du navire prussien et la belle captive rebelle qui semble pardonner facilement la mort de son beau cheval. Cela devient presque une histoire à l’eau de rose s’il n’y avait pas quelques péripéties de guerre.
Pour autant, j’avoue ne pas m’être ennuyé et avoir passé un bon moment de lecture d’autant que le dessin était véritablement à la hauteur.