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’abord discret et plein de promesses avec Le sourire des marionnettes, puis affirmant ses choix, graphiques et narratifs, dans La vision de Bacchus, Jean Dytar emprunte à nouveau ses chemins de prédilection.
S’interrogeant sur le rapport à l’image, sur les balbutiements de la cartographie, comme sur l’importance à rendre compte de l’espace et des lieux pour mieux les annexer, Florida revient sur la conquête des Amériques par les Huguenots. Il est ainsi question des desseins géopolitiques de l’époque - nous sommes dans l’Angleterre du XVIe - et des manigances de basse Cour, mais aussi des rêves oubliés d’une femme comme de ceux brisés de celui qu’elle a attendu puis soutenu.
Ce bel album possède la qualité rare de faire prendre conscience - de manière simple – de la complexité d’un passé révolu et de susciter un réel intérêt pour cette triste odyssée, trop vite oubliée. Derrière ses personnages à la physionomie dépeinte en quelques traits, l’ancien professeur d’Arts plastiques donne aux différentes temporalités de son récit leur propre tonalité et opte pour des choix à la symbolique travaillée. À l’évidence, le graphisme épuré, malgré une mise en pages des plus classiques ne laisse rien au hasard.
Entraînant le lecteur dans un scénario au long cours où le fil des événements tisse méticuleusement la toile de l’Histoire, Florida s’avère à la fois didactique et plaisant. Il confirme l’existence de nouvelles voies pour les auteurs qui savent les explorer.
Quel livre merveilleux ! Passé un début un peu long et obscur, on se trouve emporté par une vague d'une intensité émotionnelle incroyable. On se régale de tout, narration, faits historiques, contexte politique et religieux, questions philosophiques. Le récit est dense, riche, on est balloté comme ont pu l'être ces personnes qui risquaient leur vie, qu'ils soient en Europe ou en Amérique. Le dessin est parfois un peu naïf mais il dessert très bien le sujet. J'ai vécu quelque chose de grand en parcourant ces pages. Merci, merci.
L’expédition a viré au désastre ! A la fin du XVIe siècle, une expédition pour la Floride se prépare. Un jeune cartographe, Jacques Le Moyne de Morgues, va être du voyage. Ce n’est pas qu’il ait très envie de partir et de quitter sa promise, mais il se fait violence et embarque pour le Nouveau Monde. Rentré à Londres deux ans plus tard, Jacques Le Moyne s’enferme dans un mutisme inquiétant. Qu’a-t-il bien pu se passer lors de ce voyage ? J’ai été immédiatement happée par le récit. Avec une maîtrise parfaite, Jean Dytar nous fait revivre cet épisode historique avec brio. On y retrouve des personnages historiques bien connus, mais aussi et surtout les héros de cette histoire, Jacques Le Moyne et surtout de sa femme qui rêve d’aventure. C’est très bien écrit. Les cases s’enchaînent naturellement, les allers et retours dans le temps sont faciles à suivre et on apprend plein de choses. Personnellement, j’ai un peu moins d’enthousiasme pour le dessin mais j’avoue que le quadrillage des pages, à la manière d’un cartographe est une super idée… il ne m’a pas empêché de m’immerger dans ce récit épique avec plaisir. Sur le fond, évidemment se posent les questions de la colonisation, du rapport des Européens aux populations natives, de la violence sans limite qui peut s’exercer quand la survie du groupe est menacée, des raisons religieuses qui peuvent motiver des atrocités. Vraiment passionnant et quelques pages documentaires en fin d’album qui achèvent de nous imprégner de cette histoire assez peu connue.
S’il y avait un seul nom d’auteur à retenir pour moi, cela serait bien celui de Jean Dytar. Ce qu’il nous propose cette fois-ci après Le Sourire des Marionnettes et surtout La Vision de Bacchus est tout simplement extraordinaire aussi bien sur le fond que sur la forme. Il a d’ailleurs passé 4 ans sur cette oeuvre et cela se sent. C’est ma bd gros coup de cœur avec un achat indispensable. Dire que l’auteur a progressé serait un doux euphémisme. Cela va bien au-delà. Cela frôle même le chef d’œuvre ! Je suis si rarement enthousiaste.
Florida est une pure merveille dans la manière où le récit est construit avec une certaine virtuosité. Cela part d’une relation entre Eléonore la rêveuse et Jacques le cartographe qui ont dû fuir la France à cause des persécutions menées contre les protestants à la fin du XVIème siècle. Ils ont eu raison de se réfugier à Londres alors que la terrible journée de la Saint-Barthélemy est encore dans toutes les mémoires. Faut-il aller plus loin et se réfugier dans des contrées encore vierge comme la Floride ? Est-ce véritablement le paradis tant vanté ?
C’est stratégique pour les autres nations européennes qui veulent contrebalancer la toute-puissance espagnole sur le continent américain. Il y a encore de la marge et notamment au Nord. Cependant, il faudra faire face non seulement aux éléments de la nature mais également aux indiens dont les tributs varient du pacifisme à la hache de guerre. Il y a une véritable prise de conscience des enjeux politiques mais c’est expliqué de telle manière qu’on ne tombe pas dans le simplisme des situations.
C’est un récit qui est dense et riche mais l’immersion est totale dès le début. On est impressionné par le talent de l’auteur qui a sû si bien construire et mener son histoire. Par ailleurs, c’est un sujet qui est rarement évoqué et que l’on découvre avec un certain plaisir. Cette expédition est passionnante du tout au tout.
Comme l’auteur est complet, on a droit à une merveille au niveau du dessin même s’il est assez épuré. La couverture est véritablement magnifique avec ses couleurs tout en aquarelle. La sobriété mène à une parfaite lisibilité ce qui est le plus agréable. Somptueux sur la forme.
Florida est une œuvre qu’il faut absolument découvrir. C’est épique en plus d’être historique ainsi que d’une grande pureté émotionnelle. L’univers de la Floride à ses débuts n’aura plus aucun secret pour vous. Je dirai également que c’est également un véritable thriller psychologique qui nous conduit très très loin. Quand une œuvre est singulière, elle peut être également brillante. Bref, un immense électrochoc !
Note Dessin: 4.5/5 - Note Scénario: 4.5/5 - Note Globale: 4.5/5
Florida est un récit brillamment mené, un récit de voyage, un récit psychologique, un récit religieux et récit historique sur un épisode méconnu de notre histoire, la tentative de colonisation de la Floride par les Français. C'est subtile, c'est délicat, c'est tragique bref c'est un bijoux. Seul bémol, quelques longueurs au début du récit mais c'est très vite oublié.
Les graphismes sont sublimes, des dessins efficaces et une palette de couleurs que j'ai beaucoup aimé.
Pour moi, la meilleure BD de l'année 2018 (et même 2019 ;) )
Graphisme inventif, magnifique, scénario fluide qui s'appuie sur un gros travail de recherche historique (ne pas oublier de lire la postface très instructive de Franck Lestringant, professeur à Sorbonne U).
Une oeuvre poétique, tendre, riche, intelligente, haletante, brillante et maîtrisée. Du grand art !
Brillant ! Le récit des expéditions françaises en Floride occupe une grande place dans l'histoire, mais le contexte de l'époque (lutte entre protestants et catholiques, entre puissances européennes, propagande par les livres) est très bien retranscrit. La lecture se révèle passionnante pour toute personne qui s'intéresse à l'histoire, et intéressant aussi pour quiconque. Le dessin est à la hauteur.
Jean Dytar est de cette trempe d'auteurs qui ne craignent pas de se remettre en danger à chaque album. Le résultat : des albums très différents dans la réalisation technique et le résultat du dessin. Le parti pris des teintes plutôt froides ici contrastent largement du sourire des marionnettes. Le résultat n'en est pas moins une réussite. Niveau scénario c'est une fois de plus très poussé en termes de recherche et cela se ressent. Sans aucun top un de mon top 10 2018.
Jacques Le Moymes est un cartographe traumatisé par son expédition en Floride. Le scénario est très prenant et rempli de mystère. C'est un véritable récit de voyages, très documenté sur fond de guerre de religions.Les personnages ne sont pas très attachants et un peu froids ce qui est dommage. Le one-shot est trop dans les faits et le récit. Cela manque de sentiments et d'émotions. L'ensemble est donc un peu trop glacial à mon goût.En revanche, les illustrations sont pleines de petits détails mais les couleurs sont ternes. Jean Dytar a fait le choix d'utiliser des illustrations flous et colorées pour représenter les souvenirs et je crois que c'est ce que j'ai préféré.
http://aufildesplumesblog.wordpress.com
Très bien documenté, ce récit historique n'oublie pas émotions, rêves et lyrisme. Quelques longueurs ou manques de souffle n'empêchent pas cette réussite.
Exactitude historique apportée par la caution d'universitaire, mais aussi somptueuse histoire qui s'ancre dans un passé peu connu mêlant guerre de religions et grandes découvertes.
Le dessin tendre et juste accompagne parfaitement un texte très écrit et une mise en page très soignée.
A lire absolument
Belle découverte que cet album très documenté qui nous retrace un pan de l'Histoire assez méconnu: les conquêtes de l'Amérique. La très belle narration nous permet de découvrir la dure réalité des 1ers instants sur une terre "sauvage. Par ailleurs, à travers les points de vue et émotions des personnages, se pose la question du bien-fondé de ces colonisations...
Excellente lecture, qu'il faut prolonger par l'exploration des notes de l'auteur sur son site http://www.jeandytar.com/, qui éclairent le processus de création et ouvrent une fenêtre d'optimisme sur le langage de la bande dessinée. Et c'est un "vieux" lecteur de BD qui dit cela.
Jean Dytar nous offre un album très documenté qui favorise la réflexion du lecteur. J'ai passé un très bon moment durant la lecture de cet ouvrage.
Magnifique bouquin !
250 pages qui se lisent d'un trait.
Le dessin est très beau, avec une mention toute particulière pour les souvenirs en aquarelles somptueuses.
L'auteur possède un vrai style graphique qui lui est propre.
Chapeau pour l'énorme travail de recherche qui a sans doute été nécessaire pour réaliser cet ouvrage.
Un grand bravo à Jean DYTAR [:flocon:2]