O
da, son bien-aimé, toujours emprisonné par son époux (et père du jeune homme), Sayo n'a d'autre choix que d'écouter les conseils du lépreux et réfréner ses envies de rébellion. Pour mener à bien son plan, elle devra mettre sa colère et son sabre au service des rêves de pouvoir de l'homme qu'elle déteste le plus. C'est le prix du destin de la déesse de l'eau...
La prestation de Tieko, sur le premier acte, était plutôt convaincante. L'auteur de Hindenburg repart sur les mêmes bases, avec Le miroir divin, et accentue même la bonne impression laissée par La déesse de l'eau. En plus de son trait réaliste, il démontre une pleine maîtrise dans la mise en scène comme en témoignent les nombreuses scènes de combat. Le dessinateur parvient à rester lisible tout en retranscrivant avec une certaine aisance la puissance, la sauvagerie ou encore la frénésie guerrière. Précis dans les proportions et l'expressivité, moins sur certains visages des combattants, il aide à la compréhension et participe à la montée rapide et franche du niveau de tension entre les différents protagonistes. Enfin, la conclusion imaginée par son complice lui permet d'explorer une grande variété d'ambiances et de décors, changeants en lumière comme en angle de vue et de superbes paysages, notamment enneigés, que les couleurs de Dominique Osuch mettent parfaitement en valeur.
Côté intrigue, le ressenti est plus mitigé. Continuant d'exploiter le double ressort dramatique de l'affrontement père-fils pour Sayo/Tomoë et la quête de pouvoir de Yoshinaka, Jack Manini fait monter la pression d'un (bon) cran. Le créateur du récent Arthur Cravan mêle manigances politiques, légende et histoire d'amour contrarié dans une aventure épique au rythme enlevé. Cette volonté donne tout son intérêt au récit, malheureusement et malgré le talent de conteur de l'auteur, le foisonnement de trames entraîne un léger manque de fluidité. Rien de franchement rédhibitoire, mais ce sentiment gâche quelque peu l'immersion (et donc le plaisir qui aurait pu être énorme). Une densité qui soulève la question sur le choix de deux volumes au lieu d'une plus grande pagination.
Si Le miroir divin possède les défauts de ses ambitions, il n'en reste pas moins la conclusion réussie d'un diptyque au graphisme abouti. À ranger aux côtés d'Okko et La légende des nuées écarlates, au rayon Japon médiéval de nos bibliothèques.
Lire la chronique du tome 1.
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